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L’IA peut générer jusqu’à 1 500 milliards de dollars pour l’Afrique, à condition d’investir maintenant !

L’intelligence artificielle n’est plus un simple horizon technologique pour l’Afrique. Dans un rapport publié en juin 2025, la Banque africaine de développement estime que l’IA pourrait générer jusqu’à 1 500 milliards de dollars de valeur économique additionnelle d’ici 2030, à travers des gains de productivité significatifs dans l’ensemble des secteurs clés du continent. Cette opportunité reste toutefois conditionnée à des choix structurants en matière d’infrastructures numériques, de compétences locales et de gouvernance.

Un levier de productivité encore largement sous-exploité

Le rapport, intitulé Africa’s AI Productivity Gain: Pathways to Labour Efficiency, Economic Growth and Inclusive Transformation, souligne que l’Afrique se trouve à un point de bascule. Si l’adoption de l’IA reste aujourd’hui marginale dans de nombreux pays, son potentiel est considérable. Dans les scénarios les plus favorables, la productivité du travail pourrait augmenter de 5 à 15 % selon les économies, grâce à l’automatisation de certaines tâches, à l’amélioration de la prise de décision et à une meilleure allocation des ressources.

Des gains transversaux dans les secteurs clés de l’économie

L’étude met en évidence des apports concrets de l’IA dans plusieurs secteurs stratégiques. En agriculture, l’IA favorise l’agriculture de précision, la prévision climatique et la réduction des pertes, notamment via une gestion plus fine de l’eau. Dans la santé, elle améliore le diagnostic assisté, la télémédecine et l’optimisation des systèmes hospitaliers. L’éducation bénéficie de plateformes d’apprentissage personnalisées et plus accessibles, tandis que les services financiers exploitent l’IA pour renforcer l’inclusion financière, le scoring de crédit et la détection de fraude. L’administration publique peut gagner en efficacité grâce à l’automatisation et à l’analyse prédictive, alors que l’industrie et l’énergie utilisent l’IA pour la maintenance prédictive, l’efficacité énergétique et la gestion intelligente des réseaux.

Infrastructures numériques, le véritable point de rupture

Le rapport insiste sur un facteur déterminant. Sans cloud performant, connectivité haut débit, data centers régionaux et accès fiable à l’électricité, l’IA restera hors de portée pour une large partie du continent. Aujourd’hui, moins de 40 % de la population africaine dispose d’un accès internet de qualité suffisante pour supporter des usages avancés de l’IA. Un retard structurel qui risque d’amplifier les fractures économiques et territoriales.

Talents, emploi et risques sociaux

La Banque africaine de développement alerte également sur la question des compétences. Le continent forme encore trop peu de profils spécialisés en intelligence artificielle, data et ingénierie avancée. À défaut d’un investissement massif dans la formation et la recherche appliquée, l’Afrique pourrait se contenter de consommer des solutions conçues ailleurs. Par ailleurs, une automatisation non accompagnée pourrait fragiliser des millions d’emplois peu qualifiés. Le rapport plaide pour une adoption de l’IA orientée vers l’augmentation des capacités humaines plutôt que leur remplacement.

L’Afrique du Nord face à une opportunité stratégique

L’Afrique du Nord dispose, selon le rapport, d’atouts spécifiques pour capter une part significative de cette dynamique. La région bénéficie d’un capital humain relativement élevé, d’universités actives dans les disciplines scientifiques et de secteurs bancaire, énergétique et industriel déjà structurés. L’IA y apparaît comme un levier clé pour répondre aux enjeux de stress hydrique, de modernisation des services publics, de gestion hospitalière et d’intégration des énergies renouvelables. Toutefois, sans investissements rapides dans le cloud, les data centers et des cadres clairs de souveraineté et de gouvernance des données, la région risque de rester un simple marché utilisateur de technologies d’IA développées à l’étranger.

Gouvernance et souveraineté, un enjeu décisif

Enfin, le rapport insiste sur la nécessité pour les États africains de définir des cadres réglementaires clairs en matière de données, d’éthique et de souveraineté numérique. À défaut, l’IA pourrait renforcer la dépendance technologique du continent vis-à-vis d’acteurs extérieurs. Pour la Banque africaine de développement, la fenêtre d’opportunité est réelle, mais limitée dans le temps. Les décisions prises aujourd’hui détermineront si l’IA devient un moteur de croissance inclusive ou un facteur supplémentaire de fragmentation économique.

Walid Naffati & IA

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