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Le gouvernement dévoile une partie de son plan TIC pour la Tunisie

«Le secteur des TIC a réussi à créer 2000 emplois en Tunisie. Mais il a le potentiel pour multiplier ce nombre par dix», a déclaré M. Adel Gaaloul, secrétaire d’Etat chargé des TIC, lors de la conférence de la Cnuced (Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement) qui s’est tenue le mercredi 19 octobre 2011 au siège du ministère de l’Industrie et de la Technologie à Tunis. Le sujet ? Un état des lieux sur la pénétration des TIC dans les pays en voie de développement et notamment en Tunisie.

Si pour la Cnuced les pays émergents sont généralement en train de rater un tournant important dans leur économie à cause du retard dans le déploiement du haut débit et du réseau mobile, la Tunisie, par contre, s’en sort un peu mieux que ses homologues.

Mais faut-il dire pour autant que le secteur TIC en Tunisie se présente sous de bons augures ? Pas vraiment ! «5% seulement de la population tunisienne à accès à l’ADSL contre 60% dans les pays développés», déclare M. Mongi Hamdi, Directeur de la Branche de la Science de la Technologie et des TIC à la Cnuced. «Figurez-vous que nous avons aujourd’hui des hôtels qui ne sont même pas connectés à Internet». Un comble pour un pays touristique comme le nôtre !

En Tunisie, beaucoup d’hôtels ne sont même pas connectés à Internet

Sur ce sujet, M. Adel Gaaloul préconise que les hôtels se mettent à utiliser le cloud computing et le SAS (Sofware as a Service) pour réduire leur frais. Pour les non initiés, le SAS est le fait de “louer” un logiciel (comme celui de la comptabilité par exemple) selon ses besoins (pour un ou plusieurs ordinateurs), mais son utilisation ne nécessitera pas une installation sur la machine, mais plutôt sur un serveur distant. Les données seront ainsi sauvegardées dans ces serveurs via Internet. C’est le principe du cloud computing.

Avec de tels procédés, les hôtels, et les entreprises en général, pourraient devenir plus compétitives, plus productives tout en encourageant la diffusion de la culture du haut débit partout en Tunisie.

Mais un problème se pose. Comment peut-on se connecter à Internet s’il n’y a pas d’infrastructure télécom à la base ? Pour répondre à cette question, le secrétaire d’Etat s’est voulu rassurant : «Ceci ne saurait tarder. Nous travaillons d’arrache-pied pour qu’à l’aube de 2014, nous soyons prêts pour la LTE».

En effet, la 4G, ou le très haut débit mobile, pourra éradiquer les zones blanches en Tunisie. Pour ce faire, une étude préliminaire sur la possibilité de couverture de ce type de réseau à l’intérieur du pays a été lancée.

Avec une série d’actions d’optimisation, le secrétariat d’Etat, le régulateur et l’Agence Nationale des Fréquences (ANF), tablent sur une possible exploitation de la bande de fréquence 800 Mhz pour qu’elle soit utilisée pour la 4G.

Du très haut débit pour la côte, du haut débit pour l’intérieur

Une chef de projet au sein du ministère a confirmé à la rédaction de THD que les études de faisabilité technique sur le nord sont pratiquement terminées, celle du sud sont en cours de finalisation. Le but : non seulement voir les limites techniques de la couverture, mais également le coût de son déploiement.

Et pour cause : si le déploiement du très haut débit sur les villes à forte intensité démographique permettra un retour sur investissement important à l’opérateur (via la fibre optique par exemple), l’utilisation de la LTE dans les zones intérieures du pays pourrait s’avérer, à l’opposé, un projet financièrement perdu d’avance.

En clair, ces études visent à trouver le schéma idoine dans les conditions des futurs appels d’offre pour la 4G et/ou le fixe. «Il est hors de question de marginaliser les régions intérieures du pays dans la connectivité à Internet», nous dira un responsable du ministère. Or l’équation est bien connue : Infrastructures de communication = Plus de PME et donc plus d’emplois.

Plus d’homologation à priori chez le CERT

Revenons-en d’ailleurs aux emplois à créer grâce aux technologies de communication. Sous le gouvernement de Mohamed Ghannouchi, l’ex-secrétaire d’Etat chargé des TIC, M. Sami Zaoui, a signé avec le ministère de la Culture une convention qui concernait la numérisation de la bibliothèque nationale et des archives de la nation. Un projet qui pourrait créer jusqu’à 5000 postes d’emploi. Et pourtant, ce projet semble être tombé dans l’oubli après la démission de M. Zaoui : «C’est toujours en cours d’étude au ministère de la Culture», répond M. Adel Gaaloul.

Sans toutefois défendre un ministère absent de la réunion et dont il n’est pas responsable, l’actuel secrétaire d’Etat des TIC a évoqué des travaux d’études menés par des cabinets extérieurs recrutés par le ministère de la Culture pour préparer cette action de numérisation (comme la classification des ouvrages etc.). Une réponse évasive qui signifie grosso modo : allez voir de leur côté pour plus de précisions.

A la fin de son intervention, M. Galloul a parlé d’une feuille de route qu’a tracé le ministère et dont le but final est de donner plus de pouvoir et d’autonomie à l’instance nationale des télécommunications (INT). Mais qui vise également à retravailler le mode de fonctionnement du CERT (instance d’homologation des produits électroniques). Au bout de cette transformation, les produits high tech seraient directement mis sur le marché dès leur importation, sans l’aval de la CERT. Cette dernière se donne toutefois le droit de retirer un produit après sa commercialisation s’il n’est pas conforme aux standards internationaux. Un laboratoire qui coûte la bagatelle de 8 millions de dinars est en train d’être mis en place au sein de la CERT pour accomplir cette tâche.

«Toutes ces opérations visent à libéraliser le marché pour qu’il s’autorégule tout seul. Mais avant d’arriver à cette phase, il faut qu’on passe par plusieurs étapes de transition pour éviter les dérives mercantiles. C’est pourquoi nous travaillons sur un nouveau code des télécommunications qui régira tout ça», conclut-il.

Welid Naffati

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