En résumé :
- Vers des data centers durables en Tunisie : SoleCrypt lancera un data center à Tozeur alimenté à 100 % par énergie solaire, utilisant le liquid cooling pour fonctionner dans des conditions extrêmes.
- Architecture spécialisée et locale : Shabaket et son cofondateur Lyes Zahaf proposent des solutions architecturales adaptées aux contraintes techniques et énergétiques des infrastructures télécoms.
- Un secteur stratégique à fort potentiel : Pour Fatma Khlif (CanDo), la Tunisie doit miser sur les data centers pour exporter de la capacité de calcul et profiter de ses atouts solaires, alors que la consommation énergétique mondiale de ces infrastructures pourrait atteindre 10 % d’ici 2030.
Le 179 e épisode du Podcast Digiclub sponsorisé par ooredoo et BacTeksys a été dédié à la couverture de la deuxième édition de l’événement AFRICA DATA CENTERS & CLOUD DAYS (ADCD, adcd.tn), qui s’est déroulé les 17 et 18 février 2025 à Hammamet. Nous y avons interviewé : Amir Ben-Gacem, Cofounder & CEO SoleCrypt, qui nous a parlé des raisons de son choix (assez bizarre) de lancer un Data Center à Tozeur.
Amir Ben-Gacem : Des datacenters adaptés à des conditions climatiques extrêmes
Après avoir présenté SoleCrypt qui est une entreprise anglaise possédant une filiale en Tunisie dont l’objectif et de créer et promouvoir des centres de données qui utilisent les énergies renouvelables comme principale source d’énergie, Amir Ben-Gacem, a expliqué le choix de Tozeur, ville dont les températures estivales atteignent les 50 degrés. Ila souligné dans ce sens : « Pourquoi le choix de Tozeur ? Premièrement, cette ville du sud de la Tunisie est ensoleillée la plupart de l’année, faisant d’elle un emplacement idéal pour le photovoltaïque. De plus, Tozeur possède un aéroport international, une zone touristique ainsi que l’infrastructure nécessaire pour le lancement d’un projet de ce type. Notre objectif est que notre centre de données bénéficie d’une électricité provenant à 100% des énergies renouvelables ».
Selon le responsable, il existe également des nouvelles technologies comme le liquid cooling (qui consiste à immerger le serveur dans un liquide spécial pour le refroidir dans un circuit fermé dans une pièce climatisée. Cette technique augmente l’efficacité énergétique et c’est nettement meilleur pour l’environnement puisque ça ne consomme pas d’eau et c’est cela qui permet d’avoir des centres de données dans des endroits très chauds comme Tozeur.
Il en en va de même pour la productivité des panneaux photovoltaïques qui s’est grandement améliorée en à peine 5 ans, avec des modèles actuels capables de produire 700 watts d’électricité et sur deux faces contrairement aux générations précédentes, principalement grâce à la Chine…
Lyes Zahaf : Une convergence entre plusieurs domaines
De son coté, Lyes Zahaf, architecte et Cofounder & General Manager de Shabaket, est revenu sur sa spécialisation dans la construction de Data Centers, notamment face à aux challenges énergétiques.
« Au bout d’une quinzaine d’années d’expérience, je me suis rendu compte qu’il y’avait un besoin de délivrer un savoir-faire spécifique dans la réalisation des infrastructures dédiées aux télécoms, d’où la création de Shabaket, à travers laquelle nous réalisions des datacenters, des infrastructures de génie civile dédiées aux prestataires et opérateurs de télécommunication » a souligné M. Zahaf, en spécifiant que lui et son équipe ont développé des solutions architecturales répondant à des besoins techniques.
D’autant plus que les profils correspondant à différents domaines ne courent pas les rues selon le responsable, qui indique qu’il existe très peu d’architectes accrédités capables de dessiner des datacenters « Pour la majorité, il s’agit d’ingénieurs énergéticiens et accessoirement, des gens qui sont dans la climatisation ou des ingénieurs électriques. Surtout qu’il ne s’agit ni d’upgrade carrière, ni de changement de carrières puisqu’il s’agit d’une vision globale et transverse qu’un architecte possède. En effet, il existe un urbanisme dans le domaine des datacenters et qui tourne autour de l’efficience ».
Fatma Khlif, pionnière dans la construction des datacenters en Tunisie
Fatma Khlif, CEO de CanDo, cabinet de design et de consulting, a évoqué la durabilité des Data Centers et pourquoi le marché tunisien n’était pas encore arrivé au seuil critique pour devenir une vraie industrie.
« En tant qu’architecte de formation certifiée, j’opère dans le domaine des datacenters depuis 20 ans. Pour cet événement, je voulais mettre le focus sur l’aspect durabilité des datacenters car le secteur du cloud est à forte valeur ajoutée. Il s’agit d’une chance pour miser sur ce secteur pour un développement durable et économique de la Tunisie et du continent africain » a déclaré l’architecte qui a évoqué le fait que l’idée principale était de déployer un grand nombre de datacenters en Tunisie d’abord pour répondre à un besoin de connexion face à un développement démographique sur l’ensemble du continent, tous secteurs confondus.
Ensuite, on doit miser sur l’export de capacité de calcul, un secteur à forte valeur ajoutée. D’autant plus qu’on a des atouts qui sont des étendues ensoleillées, idéales pour la production d’énergies propres et qui peuvent être la solution idéale pour combler les besoins énergétiques énorme des datacenter, réputés pour être énergivores. Elle a précisé dans ce sens, que la consommation mondiale des datacenters représentait 4% de la production mondiale d’électricité et avec l’I.A, les experts s’attendent à une consommation de 10% d’ici 2030 !
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Skander. B
