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Lettre ouverte à Nooman El Fehri, ministre des TIC et de l’Economie Numérique

Lettre ouverte à Noomen El Fehri,  ministre des TIC et de l’Economie Numérique

Hafedh Yahmadi -expert stratégique TIC, membre du Forum Arab sur la gouvernance de l’Internet, membre de l’Internet society Tunisie et accessoirement membre du bureau politique du Courant Démocratique- nous a envoyé cette lettre ouverte au Ministre des TIC et de l’Econonomie numérique, Nooman Fehri, suite à la première réunion du Conseil Stratégique de l’Economie Numérique présidée par le Chef du gouvernement, Habib Essid. M. Yahmadi s’insurge, en effet, contre l’absence de vrais acteurs de la société civile dans ce Conseil. Il a même manifesté sa peur qu’une partie (l’Etat ou le secteur public) influence dans la mauvaise direction les décisions du dit Conseil. Sans parler des dangers qui guettent la Net Neutrality et le respect de la vie privée des Internautes en Tunisie.

Lettre ouverte à Noomen El Fehri,  ministre des TIC et de l’Economie NumériqueHafedh Yahmadi -expert stratégique TIC, membre du Forum Arab sur la gouvernance de l’Internet, membre de l’Internet society Tunisie et accessoirement membre du bureau politique du Courant Démocratique- nous a envoyé cette lettre ouverte au Ministre des TIC et de l’Econonomie numérique, Nooman Fehri, suite à la première réunion du Conseil Stratégique de l’Economie Numérique présidée par le Chef du gouvernement, Habib Essid. M. Yahmadi s’insurge, en effet, contre l’absence de vrais acteurs de la société civile dans ce Conseil. Il a même manifesté sa peur qu’une partie (l’Etat ou le secteur public) influence dans la mauvaise direction les décisions du dit Conseil. Sans parler des dangers qui guettent la Net Neutrality et le respect de la vie privée des Internautes en Tunisie. 

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Monsieur Le Ministre,

Le Conseil Stratégique de l’Economie Numérique a été décrété et  publié au JORT le 11 novembre dernier sous la référence n° 4151-2014 du 03 novembre 2014. Cette  décision stratégique  a été le fruit d’un travail collaboratif basé sur un dialogue positif, et suite à plusieurs rencontres et concertations constructives entre des personnalités représentants divers secteurs dans le pays y compris la société civile. Durant cette période le model multi-acteurs a été au cœur de l’élaboration du projet PNS. Six mois après, le vendredi 22 mai 2015, la composition du Conseil Stratégique de l’Economie Numérique (CSEN) a été rendue publique après  la réunion avec M. le premier ministre. Malheureusement, cette composition du CSEN tant attendue a été décevante et loin des attentes des plusieurs experts TIC et représentants de la société civile dans la mesure où elle va à l’encontre de la culture multi-acteurs, des ses valeurs partagées et les bonnes pratiques internationales dans le domaine.  

Photo de la première réunion du Conseil à la Kasbah sous la présidence de Habib Essid

Photo de la première réunion du Conseil à la Kasbah sous la présidence de Habib Essid

M. le ministre, il est de notre devoir aujourd’hui d’attirer votre attention sur ce point car le rôle de la société civile est crucial dans la conduite et la réussite des travaux du CSEN et le développement de l’économie numérique. Le travail associatif permet de rassembler les citoyens, organisant leurs intérêts, formulant leurs demandes et les exprimant devant les décideurs. Toutefois, il est ambivalent de visionner d’ici 2018 la Tunisie comme une référence numérique internationale  et faire des TIC un levier important  pour le développement socio-économique sans une implication forte de la société civile à travers le suivi, le développement, les mises à jour ou les propositions des améliorations dans les orientations des axes stratégiques des projets numériques de notre pays,  comment peut-on suivre la mise en place et évaluer l’exécution  des projets E-education, E-health sans une présence forte de la société civile. Le décret ci-dessus puis la composition du CSEN  a affaibli  le rôle de la société civile au profit du gouvernement et le secteur privé en stipulant une participation de la société civile dans les réunions du CSEN conditionnée et limitée ! Aussi et plus grave, il lui a interdit le droit de vote !

Composition du Conseil (Crédit Photo @TNAK47)

Composition du Conseil (Crédit Photo @TNAK47)

M. le ministre, le contexte actuel est marqué par une transformation économique et socio-culturelle profonde et les enjeux sont majoritairement dans un ordre social (chômage, développement régionale, équité sociale, etc.), alors comment le CSEN peut aborder les difficultés et les contraintes sociales et culturelles qui peuvent empêcher l’exécution des projets du PNS sans une voie civile raisonnante ? La société civile est la seule qui détient officieusement les données sociales pour répondre aux questions du CSEN car la profondeur de ses activités va au-delà des grandes et moyennes villes, la société civile est la voie du citoyen dans les zones sans une couverture internet,  plus proche des familles Tunisienne dans les régions desservies d’eau potable et loin des hôpitaux, elle rassemble les attentes technologiques des jeunes dans les zones rurales, collecte les aspirations technologiques de nos enfants dans les écoles, etc. Ainsi,  l’assurance de la qualité décisionnelle peut être obtenue en articulant l’expertise à la négociation des tous acteurs pour :

•Améliorer la crédibilité des données  et techniques dans la prise de décision;

•Garantir des choix robustes sur les plans sociaux, économiques et techniques;

•Avoir une Large légitimité sociale;

•Qualité scientifique dans un contexte de complexité, de hautes incertitudes des systèmes et d’indétermination sociale.

M. le ministre, la société civile a  toujours  joué un rôle important  dans les meilleurs expériences internationales réussies, telle que le Brésil, les pays scandinaves et la France. Aujourd’hui, en Tunisie, même si elle est activement faible dans certains secteurs tels que le TIC, elle reste toujours la plus proche aux aspirations de nos citoyens. Toutefois, il lui faut donner sa chance de participation pour devenir forte au premier rang du diapason du changement. C’est grâce à vous et à tous décideurs de lui permettre d’être plus proactive que réactive.

En souhaitant la réussite dans les exécutions des projets numériques de notre pays, je suis certain que le dynamisme la proactivité de notre ministère répondent positivement à cette demande car le développement durable repose sur la pluralité des connaissances des différents acteurs concernés

Hafedh Yahmadi

Expert stratégique en TIC

Membre du Forum Arab de la gouvernance de l’Internet

Membre du MAG Arab

Membre d’ISOC Tunisie 

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