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Pourquoi Smart Tunisia a du mal à décoller et quid des startups tunisiennes?

Pourquoi Smart Tunisia a du mal à décoller et quid des startups tunisiennes?

S’il y a un projet TIC sur lequel le gouvernement devra se focaliser pour encourager les investisseurs étrangers à venir s’installer en Tunisie, c’est Smart Tunisia. Lancé en 2013, ce guichet unique spécialisé dans l’OffShoring peine, pourtant, à avancer. C’est la raison pour laquelle, une réunion de la commission dédiée à Smart Tunisia a été organisée le 12 octobre dernier au siège du ministère des TIC et de l’Economie numérique. Cette commission vise à inclure Smart Tunisia dans le plan de développement du gouvernement pour la période 2016-2020.

Pourquoi Smart Tunisia a du mal à décoller et quid des startups tunisiennes?S’il y a un projet TIC sur lequel le gouvernement devra se focaliser pour encourager les investisseurs étrangers à venir s’installer en Tunisie, c’est Smart Tunisia. Lancé en 2013, ce guichet unique spécialisé dans l’OffShoring peine, pourtant, à avancer. C’est la raison pour laquelle, une réunion de la commission dédiée à Smart Tunisia a été organisée le 12 octobre dernier au siège du ministère des TIC et de l’Economie numérique. Cette commission vise à inclure Smart Tunisia dans le plan de développement du gouvernement pour la période 2016-2020.

«Smart Tunisia est un projet ambitieux qui cherche à créer 50 mille emplois sur les 5 années à venir et injecter jusqu’à 2 milliards de DT dans l’économie tunisienne», a déclaré en début de son intervention Elyes Jeribi, directeur exécutif de Smart Tunisia. «Mais nous avons un problème d’image de marque. Si on parle de destination OffShore aux investisseurs étrangers, on pense directement à l’inde. Sur l’Afrique : c’est plutôt le Maroc et l’Egypte. Pourtant, la Tunisie a une longueur d’avance par rapport à ces pays frères». 

Ceci n’a pas empêché l’équipe de Smart Tunisia de signer, tout de même, avec 3 entreprises étrangères qui vont créer immédiatement 2000 emplois. «Nous sommes encore loin des 50 milles. Mais pour y arriver il nous faudra 3 à 4 signatures par mois. Le challenge est énorme», a-t-il ajouté. «On ne cherche pas seulement à ramener de nouvelles entreprises étrangères. Nous voulons aussi à ce que les 50 entreprises Offshore présentes en Tunisie puissent se développer à l’instar d’un grand acteur américain dont le centre R&D en Tunisie est devenue le 2eme plus grand au monde après celui des Etats Unis».

Elyes Jeribi présente Smart Tunisia aux présents

Elyes Jeribi présente Smart Tunisia aux présents

Pour faciliter la venue des entreprises étrangères, Smart Tunisia travaillera également sur les espaces dans lesquels pourront s’y installer. 40 mille mètres carrés sont déjà disponibles pour une utilisation immédiate. Smart Tunisia assurera également la formation et la mise à niveau des employés qui vont être recrutés par ces sociétés offshore. Une enveloppe de 5000 dinars est réservée pour chaque entreprise pour assurer ces sessions de formations. De quoi augmenter le Chiffre d’Affaire des écoles de certification ainsi que les centres de formation en Tunisie et les faire monter en compétence par la même occasion. 

Mais de gros problèmes entravent le bon fonctionnement de Smart Tunisia. Les conventions n’ont pas encore été signées à cause de la bureaucratie tunisienne. De plus : Il n’y a pas de budgets pour les prospections à l’international. Sans parler des lourdeurs administratives pour lancer des Appels d’Offres et recruter des cabinets de communication et de Consulting. Pire encore : Il n’y pas de budget prévu pour 2016. Sans parler des limites législatives concernant des lois comme celle relatives aux données privées (lire notre article).

En ouvrant le débat, des présents ont critiqué la formation universitaire : «On sait très bien qu’il y a un gap énorme entre les connaissances acquises en université et celles en entreprise. Vous allez offrir des formations de mise à niveau ? C’est bien. Mais le meilleur centre de formation reste l’entreprise». Pour d’autres, Smart Tunisia devra mettre fin à cette tendance de «l’ingénieur jetable». C’est à dire recruté juste la durée de son contrat SIVP.

Un représentant de la société civile (et qui est ingénieur de formation), a, quant à lui, manifesté sa préoccupation d’éventuelles dérives des sociétés Offshores comptant s’installer en Tunisie grâce aux avantages octroyés par Smart Tunisie : «Smart Tunisia devra aussi mettre un mécanisme de suivi de ces entreprises. Car ils peuvent exploiter le salarié en l’affectant à d’autres tâches qui n’étaient pas initialement mentionnées sur leur contrat». En plus clair, à quoi bon que l’Etat paye pour la formation de ces jeunes et donne des avantages à gogo aux entreprises Offshore, si finalement il n’y aura pas de transfert de technologie et de savoir faire ? Et puis, quid des Startups tunisiennes ?

Hend Hajji, présidente de la commission Innovation

Hend Hajji, présidente de la commission Innovation

Sur ce dernier point, une autre commission s’est réunie le 13 octobre dernier au siège du ministère pour parler de l’innovation dans le secteur IT. «Cette commission s’intéresse au développement des Startup en Tunisie», a précisé Hend Hajji, présidente de la commission Innovation. «Nous cherchons à ce qu’en 2018, on ait 100 projets innovants, 5 Startups introduites en bourse, 100 projets de recherche entre universités et entreprises et 20 projets innovants dans l’administration». 

Mais vu l’énormité de la tâche, la commission cherche à créer une sorte d’agence étatique de promotion de l’innovation appelée Digital Innovation Office. «Nous avons créé une Task force qui va définir le cadre législatif pour la mise en place de ce bureau», a-t-elle rajouté.

Son rôle ? Réinventer l’écosystème de l’innovation. Améliorer les mécanismes de l’innovation publique et privée. Promouvoir la culture de l’innovation numérique. Stimuler l’innovation au sein des entreprises publiques. Et enfin: Créer un label de l’innovation numérique. «Ce label sera donné aux startups pour se promouvoir à l’international. Il pourra être aussi adressé aux incubateurs ainsi que les entrepreneurs», a suggéré la présidente de la commission.

Un long débat s’est déclenché par la suite sur la définition de l’innovation. Il s’est rapidement transformé en réquisitoire contre l’administration tunisienne qui freine toute initiative au développement. Le marathon des réunions des différentes commissions reprendra la semaine prochaine en essayant de discuter, cette fois-ci, des propositions qu’apporteront le secteur privé et la société civile.

Welid Naffati

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