
En 2025, le secteur mondial des télécommunications n’est plus dans une logique de conquête territoriale. Après plusieurs années de déploiements intensifs, la 5G change de rythme. La priorité des opérateurs bascule progressivement de la couverture vers la qualité d’expérience, l’efficacité du réseau et la capacité à monétiser différemment l’infrastructure existante. C’est ce que met en évidence le dernier analyst wrap-up d’Opensignal, qui dresse un panorama précis de l’évolution des réseaux à travers les grandes régions du monde.
Une trajectoire 5G très contrastée selon les régions
L’analyse d’Opensignal montre que la maturité des réseaux mobiles reste très inégale.
En Europe, la 5G est désormais bien installée. Les investissements se concentrent moins sur l’extension brute de la couverture que sur l’amélioration de la qualité d’expérience. Trois leviers dominent: l’activation massive de la bande C, l’optimisation du réseau existant et l’extinction progressive des technologies héritées.

En Amérique du Nord, la fermeture des réseaux 3G arrive à son terme et la 5G Standalone commence à émerger, tandis qu’en Amérique du Sud, la 4G reste dominante et la progression de la 5G demeure plus lente.
Dans la région Moyen-Orient et Afrique, le contraste est encore plus marqué. Les pays du Conseil de coopération du Golfe avancent vers la 5G Advanced, alors que de nombreux marchés africains en sont encore aux premières étapes du parcours 5G.
Afrique: une 5G encore embryonnaire
Le rapport souligne clairement le retard structurel du continent africain.
Seuls 30 pour cent des pays africains ont attribué des fréquences 5G aux opérateurs. À fin 2025, 56 opérateurs dans 30 marchés ont lancé des services 5G commerciaux, mais la technologie ne représentera que 3,8 pour cent des connexions mobiles totales sur le continent.

En 2025, des pays comme le Maroc, l’Égypte, la Tunisie, le Rwanda ou la Namibie ont officiellement lancé la 5G. Pour autant, l’enjeu reste moins le lancement commercial que la capacité à industrialiser les usages, à densifier les réseaux et à rendre le modèle économiquement viable.
Extinction 2G et 3G: le refarming devient stratégique
Dans les pays du Golfe, l’année 2025 marque une accélération nette de l’extinction des réseaux 2G et 3G. Oman, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar, Bahreïn ou encore le Koweït ont engagé ou finalisé ces fermetures.
Les motivations sont multiples: amélioration de l’efficacité spectrale, simplification opérationnelle, réduction de la consommation énergétique et renforcement de la sécurité. Le spectre libéré est progressivement réaffecté aux réseaux 4G et 5G, permettant une meilleure utilisation des ressources radio existantes.
5G Standalone et 5G Advanced: le vrai saut qualitatif
Opensignal insiste sur un point clé: la 5G ne révèle pleinement son potentiel qu’avec une architecture Standalone. Dans plusieurs marchés d’Asie-Pacifique, ce basculement est déjà engagé, avec des gains mesurables. Les réseaux 5G Standalone offrent des débits jusqu’à 1,5 fois plus rapides et une latence inférieure d’environ 25 pour cent par rapport à la 5G non autonome.
La 5G Advanced, fondée sur les spécifications 3GPP Release 18 et suivantes, s’impose comme la prochaine étape. Elle agit comme un pont technologique vers la 6G, avec des réseaux plus flexibles, des antennes massives, une automatisation accrue et une intégration renforcée de l’intelligence artificielle dans l’exploitation des infrastructures.
Le Fixed Wireless Access s’impose comme une alternative crédible
Autre enseignement majeur du rapport: la montée en puissance du Fixed Wireless Access. Plus de 150 opérateurs dans 76 pays proposent désormais des offres FWA commerciales. Ces solutions ciblent aussi bien les zones rurales mal desservies que les environnements urbains denses, en concurrence directe avec le câble ou les offres xDSL.

Dans certains marchés, l’expérience FWA se rapproche de celle du haut débit filaire. Le cas de l’Inde est emblématique, avec une qualité perçue presque équivalente entre FWA et accès fixe, renforçant l’attractivité de cette technologie comme alternative ou complément à la fibre.
À domicile, le Wi-Fi devient le véritable facteur différenciant
Le rapport d’Opensignal met également en lumière un déplacement du point critique de l’expérience client. Dans de nombreux pays, l’accès réseau n’est plus le principal facteur limitant. Le véritable goulot d’étranglement se situe désormais à l’intérieur du domicile.
La qualité du Wi-Fi, la génération de routeurs utilisée et la stratégie d’équipement jouent un rôle déterminant. Les données montrent que les abonnés utilisant des box fournies par les opérateurs bénéficient d’une amélioration significative de la qualité de service par rapport aux utilisateurs de routeurs personnels. Le contrôle de l’expérience de bout en bout devient ainsi un levier stratégique pour les fournisseurs d’accès.
open
Satellite et D2D: complément plutôt que rupture
Enfin, Opensignal appelle à la prudence dans l’analyse des solutions satellitaires. Si des acteurs comme Starlink sont présents à la fois sur l’Internet par satellite et le Direct-to-Device, les usages restent fondamentalement différents. Le D2D vise avant tout à réduire les zones sans couverture mobile, en complément des réseaux terrestres, avec des services encore limités, souvent centrés sur la messagerie ou un nombre restreint d’applications.
Walid Naffati & IA