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TIC : Quels sont les dossiers urgents que laisse Noomane Fehri à Anouar Maarouf

TIC : Quels sont les dossiers urgents que laisse Noomane Fehri à Anouar Maarouf

Nous avons l’habitude chez THD de faire l’interview du ministre sortant. Cette entrevue lui permet de faire le bilan de ses réalisations durant toute la période où il était à la tête du ministère. C’est aussi une occasion où ce ministre donne la liste des dossiers qu’il laisse à son successeur. Mais au fait, quelles sont les choses que Noomane Fehri aurait fait autrement s’il avait le pouvoir de revenir dans le passé ? «L’UTICA», nous a-t-il répondu sans hésitation. Interview.

TIC : Quels sont les dossiers urgents que laisse Noomane Fehri à Anouar MaaroufNous avons l’habitude chez THD de faire l’interview du ministre sortant. Cette entrevue lui permet de faire le bilan de ses réalisations durant toute la période où il était à la tête du ministère. C’est aussi une occasion où ce ministre donne la liste des dossiers qu’il laisse à son successeur. Mais au fait, quelles sont les choses que Noomane Fehri aurait fait autrement s’il avait le pouvoir de revenir dans le passé ? «L’UTICA», nous a-t-il répondu sans hésitation. Interview.

THD : Quels sont les dossiers que vous laissez sur le bureau de votre successeur Anouar Maarouf ?

Noomane Fehri : Là dans l’urgence, c’est l’organisation de l’assemblée mondiale de normalisation prévue pour le 24 octobre prochain jusqu’au 3 novembre prochain. C’est un évènement de grande importance géostratégique et presque aussi important que le SMSI DE 2003 et 2005. Nous devons de le réussir.

Nous avons aussi promis aux différents acteurs du secteur que durant octobre ou novembre qu’il y aura l’octroi de plusieurs licences d’exploitation en Internet Of Things. L’appel d’offre est prêt, ainsi que le feu vert du gouvernement. Il faut tenir cette deadline car nos startuppeurs l’attendent avec impatience. 

Dans le même cadre, il y a l’appel d’offre pour des licences d’opérateurs d’infrastructure. Ceci permettra aux petites entreprises de faciliter le déploiement du réseau très haut débit communautaire dans certains quartiers populaires ou les zones rurales. Ils pourront par la suite louer ces infrastructures aux actuels opérateurs télécoms et fournisseurs d’accès pour les abonnements Internet en très haut débit. C’est la meilleure façon possible en Tunisie pour qu’on puisse booster le déploiement du très haut débit partout, même dans les zones peu privilégiées par les opérateurs pour des raisons de coûts et de retour sur investissement. 

Noomane Fehri (à gauche) en fin de cérémonie de passation au nouveau ministre des TIC Anouar Maarouf (centre) et le Secrétaire d'Etat chargé de l'Economie numérique Habib Dabbabi (droite)

Noomane Fehri (à gauche) en fin de cérémonie de passation au nouveau ministre des TIC Anouar Maarouf (centre) et le Secrétaire d’Etat chargé de l’Economie numérique Habib Dabbabi (droite)

De plus, cette licence permettra à des opérateurs à l’instar de Google de continuer à susciter leur intérêt pour la Tunisie. N’oubliez pas que nous avons déjà quelques projets en cours avec eux dont le Google Street View et l’Institue Culture. Par ailleurs, nous nous sommes engagés à octroyer ce genre de licence vers fin novembre prochain.

Une autre dossier urgent et important qui doit être lancé : La réalisation de la 2ème étape du programme m-Dev Tunisia qui est programmée pour le mois d’octobre prochain au plus tard. Durant la deuxième session de m-Dev Tunisia, il faudra doubler tous les indicateurs par rapport à la première session et ce, en formant plus de 16 mille profils et accompagner plus de 2500 des personnes issues de ces formations dans la publication et le marketing de leur applis sur les Stores Internationaux. 

Vu que nous nous dirigeons à grand pas vers la fin de l’année, il est crucial de commencer dès maintenant la négociation du Budget du ministère avec les services du ministère des Finances pour le Loi de finances 2017. Il faudra également, que le ministère des TIC défende l’introduction de mesures incitatives pour les Startups dans cette loi des finances.

Doit-on comprendre que ces mesures vont substituer la Startup Act ?

Non. Pour les mesures, elles auront un caractère urgent. Elles vont donner un peu plus de souplesse à ces Startups durant cette crise économique pour qu’elles puissent s’ouvrir plus facilement au marché international et être un levier de croissance pour l’économie nationale en faisant rentrer plus de devises dans les caisses de l’Etat.

Ceci étant dit, le projet de loi «Startup Business Act» devra effectivement être travaillé et finalisé par le ministère des TIC en collaboration avec les acteurs du marché, la société civile et les autres ministères, pour le valider en Conseil des Ministres avant son passage au Parlement.

Quid du nouveau code du numérique ?

C’est aussi un dossier important qui a bénéficié de centaines de ‘jours hommes’ de travail collaboratif, notre nouveau ministre devrait travailler pour le perfectionner, avant son passage par le même circuit (concertation avec le privé et la société civile, NDLR) pour être voté au Parlement. Il y a aussi la loi sur les crimes cybernétiques qui est à finaliser et qui également suivre le même itinéraire. Même chose pour le nouveau code de la poste qui est aussi prêt et qu’il faudra le faire valider. Par ailleurs, il faudra poursuivre et appuyer la nouvelle stratégie de l’office nationale de la poste, lancée il y a 6 mois déjà, à l’instar de l’ouverture des bureaux de poste le Samedi. 

Accompagner Tunisie Telecom dans son programme de sauvetage pour qu’elle puisse être compétitive par rapport aux opérateurs privés, doit aussi être pris en considération par le ministère durant cette période. L’opération très réussie de Go-Malte n’est que l’un des 5 piliers de transformation de TT.

Parmi les réalisations que vous avez énuméré dans une précédente interview, vous avez évoqué l’identifiant unique et l’administration 0 papier. Mais vous avez tempéré en disant qu’il y a encore beaucoup de travail à terminer. Pourquoi ?

Effectivement. Il y a lieu de constater qu’il y a un vrai problème avec l’administration tunisienne qui continue à travailler au rythme du 20ème siècle pendant que nous évoluons dans un écosystème du 21ème siècle. Je pense que pour réussir la numérisation de l’Etat, il faut qu’elle soit directement supervisée par le Chef du gouvernement ou que cette prérogative soit donnée au ministre des TIC par la force d’un décret. Sinon, si ce n’est pas possible de faire ça, le Chef du gouvernement doit créer le bureau d’un CIO de l’Etat. C’est l’équivalent du Chief Digital Transformation Officer. C’est à dire un bureau en charge de la transformation numérique, rattaché directement à la présidence du gouvernement et qui mettra en œuvre les décisions déjà prises par le Conseil Stratégiques, tel que l’identifiant unique, etc. 

Vous avez passé 18 mois à la tête de ce ministère. Si c’est à refaire ? 

Je ferais presque la même chose. Je suis fier du bilan de l’équipe et je suis sûr que le bilan de la nouvelle équipe sera meilleur. Nous avons réalisé et mis en marche plusieurs projets qui trainaient depuis plusieurs années et créé de nouveaux programmes mobilisateurs comme m-Dev et autres. Nous avons continué entre temps à perfectionner les stratégies préparées par nos prédécesseurs. Et vous savez très bien que c’est plus difficile de faire des réalisations sur le terrain que sur le papier.

Mais s’il y a un point sur lequel j’aurais, peut-être, dû m’y approcher différemment, ça sera la fédération des TIC (UTICA) qui voulait être l’interlocuteur unique du ministère. Bien qu’il soit l’interlocuteur formel, la fédération ne représente pas, toutefois, tous le secteur, du moins sur le terrain. Nous avons eu d’autres partenaires d’une très grande utilité. Tel que l’association des grands employeurs des TIC (TACT) ou encore la communauté des startuppeurs. Ces derniers nous ont carrément avoué qu’ils ne se reconnaissent pas dans la fédération des TIC. C’est ce qui a crée une certaine tension au sein du Conseil Stratégique du Numérique. J’aurais dû créer un nouveau poste à temps plein au ministère : Un chargé de la relation avec ces 3 parties afin de leur faire accorder les violons et que les rapports deviennent plus harmonieux.

Sinon, je suis plus que fier du fait que je me suis appliqué pour un rajeunissement des directeurs des établissements sous la tutelle du ministère des TIC.

Mais je pense que le plus important est qu’une vague numérique a déjà commencé sur le terrain, en Tunisie, grâce entre autre aux jeunes Startuppeurs, cette nouvelle génération d’entrepreneurs dans les TIC qui s’est entourée autour du ministère pour la «Starup Business Act». Et je pense que cette vague va devenir rapidement un Tsunami numérique qui ne va pas attendre l’administration pour avancer. Bah tenez ! Rien que pour les moyens de paiement en devise, les entrepreneurs n’ont pas attendu la carte technologique internationale pour effectuer les paiements en ligne. Certes, elle leur a aidé à le faire plus rapidement sans moyens contournés, mais ils ne l’ont pas attendu pour faire du business. Ils ont su outrepasser le blocage de l’administration tunisienne. Même chose pour le Paypal. Heureusement que nous avons pu convaincre Paypal et conclure avec eux pour s’ouvrir à la Tunisie dans leur prochaine release prévue en 2017.

Nous avons fait beaucoup mieux que les équipes qui nous ont précédé et je suis certain que l’équipe qui vient de nous succéder fera beaucoup mieux que nous. C’est ça la continuité de l’Etat ! C’est ça le chemin de la prospérité pour la Tunisie.

Propos recueillis par Welid Naffati

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