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L’allégeance assumée de certains cadres du CNI aux islamistes peut-elle compromettre les élections ?

L’allégeance assumée de certains cadres du CNI à Ennahdha peut-elle compromettre les élections ?

L’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (ISIE) ne lésine pas dans l’adoption des toutes récentes technologies. En effet, l’ISIE a lancé le service mobile SMS pour l’inscription aux bureaux de vote. Pour celles et ceux qui sont déjà inscrits, il s’agit de composer le *195* suivi du numéro de leur carte d’identité nationale (CIN) ensuite # pour voir si leur inscription est encore à jour.

L’allégeance assumée de certains cadres du CNI à Ennahdha peut-elle compromettre les élections ?L’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (ISIE) ne lésine pas dans l’adoption des toutes récentes technologies. En effet, l’ISIE a lancé le service mobile SMS pour l’inscription aux bureaux de vote.  Pour celles et ceux qui sont déjà inscrits, il s’agit de composer le *195* suivi du numéro de leur carte d’identité nationale (CIN) ensuite  # pour voir si leur inscription est encore à jour.

Dans la foulée des SMS, l’ISIE a mis en place un centre d’appels et un numéro unique le 1814. L’idée de ce centre d’appels se trouvant dans la zone industrielle de la Charguia 2 est de répondre aux interrogations et demandes des citoyens, des médias, des membres de la société civile et des partis politiques.  

Cette panoplie technologique s’avère compliquée même pour un Président de la République. Celui-ci au moment où il se rend le 30 juin au bureau des inscriptions de l’ISIE, celui d’El Kantaoui dans la ville balnéaire Sousse, se rend compte qu’il avait oublié sa carte d’identité voire qu’il ne connaît même pas son numéro de CIN. Alors que dire du citoyen lambda qui est submergé par les problèmes économiques du pays, par la situation déplorable de nos transports en commun et par le bas salaire qu’il reçoit ?

À cette anecdote présidentielle, Atide, l’association ayant la charge de l’observation du processus électoral enregistre des défaillances au niveau de l’information, la sensibilisation, la mise en place des bureaux permanents et mobiles, l’accès au portail web, etc. D’ailleurs quelques citoyens à l’étranger l’ont bien remarqué. Même la communication de l’ISIE sur le Net n’est pas du tout performante. Comme l’atteste ce Mailer Deamon de l’adresse de contact de l’instance (hébergé chez GlobalNet) et qui a dépassé le quota autorisé de mails reçus. Sans commentaire…

Erreur d'envoi du mail au mail de contact de l'ISIE pour demande d'information

En outre, si on veut faire le point sur le travail de l’ISIE, on pourrait dire qu’elle dépasse bel et bien les critiques qui tournent autour du manque de transparence de la gestion des bases données détenues par le Centre national de l’informatique (CNI). La cause de ces critiques est donc que l’ex président-directeur général, Mohamed Menif, nommé par les deux derniers gouvernements dominés par le mouvement Ennahda, aurait été loin de l’impartialité et de la neutralité requises pour garantir la fiabilité de la non-manipulation des bases de données à des fins électoralistes. Autrement dit, et selon les dires de certains, il y a un fort risque d’instrumentalisation des prochaines échéances électorales car certains cadres de la CNI ne cachent pas leur allégeance aux courants islamistes à un moment où la polarisation reviendra avec force après le mois du Ramadan. 

Selon Chawki Gaddès, professeur de droit constitutionnel, l’une des solutions afin de rétablir la confiance lors des prochaines élections, «c’est de mobiliser 121.000 observateurs dans les bureaux afin de prévenir toute tentative de fraude ». Or le budget de l’ISIE ni même celui de l’État ne permet ce genre de moyens.

Chafik Sarsar, président de l'ISIE

Chafik Sarsar, président de l’ISIE

À défaut de la garantie d’un CNI neutre, Moez Bouraoui, président d’Atide, imagine un scénario de défiance : «Si la liste des électeurs tombait entre les mains d’un parti, il pourrait en disposer à sa guise, en achetant des voix, en influençant et démarchant des électeurs à domicile, notamment ceux qui sont dans le besoin».

Cette même orientation est privilégiée par l’ancien président de l’ISIE, Kamel Jendoubi. Celui-ci dit que rien n’oblige l’ISIE de recourir à la CNI. « Il n’est pas dit, affirme-t-il, que le CNI soit le meilleur vis-à-vis de l’Instance, surtout si des soupçons pèsent sur sa neutralité. On s’est précipité sur le centre soi-disant pour gagner du temps […] il faudrait que l’ISIE arrête de sous-traiter ses bases de données, et qu’elle soit en possession directe de son software : fichiers, bases de données, sources, registres électoraux […] Pourquoi ne pas créer un service informatique au sein de l’instance électorale en possession de tous ces éléments ? ». 

Le problème de l’instance est qu’elle n’arrive pas à mobiliser les 4 000 000 d’électeurs potentiels susceptibles de participer aux prochaines échéances électorales. En ce sens, l’ISIE semble souffrir du taux d’abstention qui se profile pour les élections prochaines. Cela peut être expliqué par le mauvais timing de la campagne de mobilisation pour les élections. En outre, les affiches diffusées au sein de l’espace public tunisien sont hermétiques et n’aident pas le citoyen tunisien à comprendre de quoi il s’agit exactement. 

D’ailleurs, un de nos interlocuteurs mentionne que le logo de la campagne ressemble à celui d’une marque de sport : Nike. Aussi cette campagne lancée cinq jours après l’opération même d’enregistrement des électeurs a eu un impact négatif sur le taux de participation qui demeure objectivement très faible. «A ce rythme, on se retrouvera, au meilleur des scénarii, avec 300 mille enregistrés, ce qui est catastrophique», prévoit Moez Bouraoui. 

Dans ce même contexte, EMRHOD Consulting, Institut de sondages d’opinion en Tunisie, dans son dernier baromètre met en effet l’accent sur le fort taux d’abstention qui plane sur la sphère politique tunisienne et qui atteindrait les 60%.

Mohamed Ali Elhaou

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