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La pérennité de l’entreprise tunisienne face à un marché international des ressources humaines

Les compétences tunisiennes quittent le pays par centaines chaque année à la recherche de meilleures perspectives d’emploi et de conditions de vie plus favorables, loin d’une Tunisie en proie à une crise multidimensionnelle. Les travailleurs ne sont pas les seuls à prendre la fuite. L’exode compte également des entrepreneurs, des startupeurs notamment. Ceux-ci étant à la recherche d’un cadre légal plus flexible et un climat plus incitatif pour l’investissement et les affaires.

De toute évidence, pour certains l’étranger représente la solution. A bout après avoir subi les lourds rouages de l’administration tunisienne, il n’y a d’autres alternatives que de se lancer ailleurs. Là où il suffit de se connecter à un site internet pour créer son entreprise en deux à trois clics. Là où il existe de vrais avantages fiscaux pour certaines activités. Là où l’on peut se consacrer à la construction de ses équipes et le développement de son business au lieu de plonger dans une interminable pile de paperasse. Mais est-ce le meilleur choix à faire ?

Selon l’expert en numérisation et des politiques publiques, Mustapha Mezghani, invité du 152e épisode de DigiClub powered by Topnet et Huawei Technologies, la réponse à cette question n’est pas simple. « C’est une question de coûts et d’opportunités », dit-il notant qu’il faut interroger les avantages et les inconvénients d’un éventuel départ à l’étranger et ceux du fait de rester en Tunisie. Selon l’expert, c’est le comparatif qui va déterminer la réponse. « Un entrepreneur n’a pas l’âme d’un salarié et ne cherche pas le confort d’un salarié. Il s’agit là de deux situations différentes (…) Si en partant, on va pouvoir être entrepreneur dans de meilleurs conditions, pourquoi pas », avance-t-il.

Précisant qu’il y a un retour de l’investissement étranger en Tunisie dans le domaine des TIC notamment, Mustapha Mezghani affirme que cela est un indicateur de la présence de compétences encore disponibles en Tunisie. Entre autres chose que l’on peut aussi considérer comme un avantage pour ces entreprises est le manque de suivi sur la durée de séjour des étrangers en Tunisie. En l’absence de cette traçabilité, les étrangers qui séjournent en Tunisie plus de 180 jours demeurent loin des yeux du fisc, ce qui fait moins d’impôts pour les entreprises étrangères qui choisissent de s’installer en Tunisie. « Notre marché est grand ouvert pour les entreprises étrangères. Celles-ci peuvent ouvrir une filiale en Tunisie pour servir le marché tunisien ou encore servir le marché depuis l’étranger », indique-t-il.

Dans ce contexte, la question qui se pose alors est : comment une entreprise tunisienne peut-elle assurer sa survie ? En réponse, Mustapha Mezghani souligne que les prix appliqués sur le marché tunisien rendraient la tâche plus difficile, car les entreprises ne seraient plus en mesure de recruter. « Nous sommes sur un marché international des ressources humaines (…) tout le monde est courtisé à l’étranger et obtenir un visa pour immigrer n’est pas difficile surtout dans le domaine du numérique dont les compétences sont rares dans le monde », explique-t-il. « Une entreprise qui va continuer à travailler sur le marché local aux prix du marché local ne pourra pas garder son personnel », relève-t-il.

L’interview au complet est disponible en version audio sur notre canal SoundCloud et en version vidéo sur notre chaîne Youtube.

Nadya Jennene

 

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