Le secteur du mobile money a connu en 2024 une croissance fulgurante, franchissant deux seuils historiques : plus de deux milliards de comptes enregistrés dans le monde et plus d’un demi-milliard d’utilisateurs mensuels actifs. Ces chiffres, extraits du rapport annuel « State of the Industry Report on Mobile Money 2025 » publié par la GSMA, témoignent de l’ancrage croissant de ce service dans le quotidien de millions de personnes, notamment dans les régions où l’accès aux services bancaires classiques reste limité.
Depuis ses débuts en 2001, le mobile money s’est progressivement imposé comme un outil central d’inclusion financière. Il aura fallu 18 ans au secteur pour atteindre son premier milliard de comptes, mais il n’aura fallu que cinq années supplémentaires pour doubler ce chiffre, une accélération remarquable qui souligne la montée en puissance de ce service numérique dans les économies du Sud.
Les chiffres clés de 2024 confirment cette dynamique. Pas moins de 108 milliards de transactions ont été traitées, pour une valeur totale de 1,68 trillion de dollars. En glissement annuel, cela représente une hausse de 20% en volume et 16% en valeur. Pour comparaison, 2023 avait enregistré une augmentation de 13% en valeur. Cette croissance à deux chiffres démontre la solidité du modèle mobile money et sa capacité à s’adapter aux besoins d’un public toujours plus large.
L’impact du mobile money dépasse le simple cadre des transactions financières. Il influence désormais les grandes tendances macroéconomiques. Le rapport de la GSMA estime qu’à la fin de 2023, le produit intérieur brut (PIB) mondial des pays disposant de services d’argent mobile était supérieur de 720 milliards de dollars à ce qu’il aurait été sans ces services, soit une contribution de 1,7% au PIB mondial.
L’Afrique subsaharienne en particulier bénéficie pleinement de cette transformation. En 2023, cette seule région a vu son PIB augmenter de 190 milliards de dollars grâce au mobile money, démontrant ainsi son rôle stratégique dans le développement économique local et régional.
Cette région reste d’ailleurs la plus dynamique en matière d’adoption et d’utilisation du mobile money. L’Afrique de l’Est, notamment, se distingue par une croissance importante du nombre de comptes actifs mensuels. Elle est suivie de près par l’Asie du Sud-Est et l’Afrique de l’Ouest.
Cela dit l’Asie de l’Est-Pacifique se démarque aussi, avec l’un des taux de croissance les plus rapides pour les comptes actifs. Des pays comme le Cambodge, les Fidji, les Philippines ou encore le Vietnam ont bénéficié d’un cadre réglementaire favorable qui a permis une explosion de l’utilisation active du mobile money. Dans ces pays, les fournisseurs ont su élargir leur offre pour devenir de véritables plateformes de services financiers complets.
Autre tendance notable en 2024 : la diversification des produits proposés par les fournisseurs de mobile money. Ces derniers offrent de plus en plus de services financiers adjacents comme le crédit, l’épargne ou encore l’assurance.
Le crédit est ainsi devenu le service additionnel le plus populaire, proposé par 44% des fournisseurs. L’épargne est disponible chez environ un tiers d’entre eux, tandis que les services d’assurance, bien qu’en croissance, restent en retrait avec 28% de fournisseurs engagés dans ce domaine.
Malgré ces avancées, des obstacles importants demeurent. Le rapport de la GSMA souligne la persistance d’un écart entre les sexes dans l’accès au mobile money. Sur les douze pays étudiés, huit présentent encore un fossé significatif entre hommes et femmes en matière de détention de comptes.
Cette disparité s’explique en grande partie par une faible sensibilisation et un manque de culture financière numérique, qui freinent particulièrement l’adoption chez les femmes. Pourtant, lorsqu’elles possèdent un compte, les femmes sont presque aussi actives que les hommes dans leur utilisation mensuelle.
Face à cette situation, les fournisseurs ne restent pas inactifs. Environ 60% d’entre eux ont mis en place des programmes d’éducation financière pour accompagner les populations dans l’utilisation des services numériques et stimuler leur adoption à long terme.
N.J d’après Communiqué
