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Coding-Technovation Tunisia : Finie l’ère de l’exclusivité masculine

Coding-Technovation Tunisia : Finie l’ère de l’exclusivité masculine

«Si on est suffisamment conscient de son environnement, des besoins de sa communauté qui en découlent et qu’on a envie de créer un changement, tout est possible. Surtout, si on se sert du développement et des nouvelles technologies». C’est en ces mots que s’est adressée à son auditoire Sophie Houser, codeuse âgée de 19 ans venue spécialement de New York en Tunisie pour assister l’événement mardi 17 janvier 2017, lors de la cérémonie de lancement de la 2ème édition de Technovation Tunisia aux Berges du Lac.

Coding-Technovation Tunisia : Finie l’ère de l’exclusivité masculine«Si on est suffisamment conscient de son environnement, des besoins de sa communauté qui en découlent et qu’on a envie de créer un changement, tout est possible. Surtout, si on se sert du développement et des nouvelles technologies». C’est en ces mots que s’est adressée à son auditoire Sophie Houser, codeuse âgée de 19 ans venue spécialement de New York en Tunisie pour assister l’événement mardi 17 janvier 2017, lors de la cérémonie de lancement de la 2ème édition de Technovation Tunisia aux Berges du Lac.

Ce programme est initialement international. Importé depuis 2015 en Tunisie, il a pour objet de renforcer les jeunes femmes âgées de moins de 18 ans dans le domaine du développement mobile. 

Il leur offre coaching par des mentors, en matière de conception, de technique, de communication et d’entrepreneuriat, afin de faire aboutir les projets des jeunes femmes. Technovation est également une compétition qui a lieu dans pas moins de 80 pays à travers le monde et qui fait participer plus de 10.000 jeunes femmes. Finissant par élire le meilleur projet à l’échelle nationale, l’équipe gagnante participera à une autre échelle au Silicon Valley, dans la compétition internationale.

En partenariat avec Orange Tunisie, l’Ambassade Américaine, ONU Femmes et UNICEF, l’axe majeur du programme est le renforcement des jeunes filles, leur ouvrir de nouveaux horizons peu accessibles en temps normal.

Sophie Houser a débuté le coding en 2014. Elle avait à peine 16 ans. Elles étaient encore lycéennes à l’époque. Elle n’avaie pas reçu d’éducation académique dans ce sens, à part une formation en langage de développement qui a duré 3 semaines lors du programme «Girls Who Code». Un programme américain de renforcement en développement web et mobile dans une forme de summer school.

Tampon Run est un vidéo game où le joueur contrôle un personnage féminin qui fait face à ses ennemies avec comme arme des tampons hygiènique. Le joueur collecte des points bonus en sautant sur des box.

Sophie Houser

Sophie Houser

Ce jeu vidéo minimaliste, créé initialement en version web suite à ladite formation, puis lancé sur iOS en février 2015, est devenu viral en quelques heures seulement après son lancement. «Quand ma mère m’avait appelée pour me dire que mon jeu était devenu célèbre, je n’en croyais pas un mot», a-t-elle déclaré.

«J’étais timide, je n’osais jamais prendre la parole en public auparavant. Pourtant, j’avais une obsession. Celle de démystifier le tabou autour de la période des règles chez la femme, déstigmatiser les serviettes hygiéniques et les tampons. Une obsession que provoquait chez moi le dégoût et la honte», a-t-elle rajouté. «Pourtant, c’était une chose naturelle. Et paradoxalement, je n’étais seule à avoir un tel sentiment, puisque mon amie Andrea Gonzalez avec qui j’ai codé le jeu, avait le même problème. Finalement, ce jeu a eu tellement de succès que nous avons eu beaucoup de témoignage d’autres filles qui sentaient la même frustration. Ce jeu, en effet, leur a permis de se sentir un peu mieux dans leur peau». 

Le monde du développement et du codage est un monde masculin. Mais cela n’est pas une fatalité. «Personne n’a le droit de dire à une adolescente qu’elle ne peut pas réussir ses devoirs de maths, ses lignes de codes ou quoique ce soit, juste parce qu’elle une fille, et qu’une fille n’est pas faite pour ça !», s’est indigné Sophie Houser.

Cette absence de femmes dans les métiers des TIC doit être un catalyseur pour les jeunes. C’est ce qu’a relève à son tour Asma Ennaifer, directrice de la communication chez Orange Tunisie : «Quand on est une femme, dans le monde dans lequel on vit, quelque soit le domaine de son activité, on doit fournir deux fois plus d’effort pour arracher sa place et démontrer qu’on peut être influente et leader». 

Asma Ennaifer

Asma Ennaifer

Cette opération s’inscrit dans l’optique de l’Orange Developper Center (ODC), centre de formation et de coaching en matière des nouvelles technologies, à Tunis, comme au Kef, et la stratégie RSE en général de l’opérateur. «Bientôt on inaugurera un nouveau centre ODC à Nabeul», a annoncé Asma Ennaifer. «Ces centres sont gratuits et ouverts à tout le monde pour acquérir l’expertise qu’il faut pour se lancer dans les affaires du numérique».

Sophie Houser a déploré le fait que le domaine des TIC reste encore peu exploité. Son potentiel est énorme en termes d’employabilité. Or, les besoins actuels en ressources humaines dépassent de loin les profils aux qualifications recherchées disponibles maintenant sur le marché. Que ce soit aux Etats Unis, en Europe et encore plus dans les pays émergeants comme la Tunisie. «Le coding peut donner solution à toute problématique, si elle est bien analysée, bien traitée et bien exploitée».

Cette développeuse et entrepreneuse de 19 ans ne manque pas de souligner, par ailleurs, la faible représentativité des femmes dans le domaine du coding (Web, mobile, logiciels, etc.). Même aux Etats Unis, seules 17% des diplômés en développement sont des femmes. Elle commente néanmoins : «La réussite nait de la frustration et de l’échec. Plus on est frustré et plus on est obsédé par une idée de changement, plus grande sera la réussite. Plus nombreux et considérables sont les échecs passés, plus satisfaisante sera la réussite qui viendra après». 

Pour les personnes qui relient la réussite à l’aspect financier plus qu’à la satisfaction personnelle, Sophie Houser a également su répondre : «Les développeurs peuvent toucher jusqu’à 100.000$ par an, soit plus de 228,737 dinars. Bien évidemment si tout va bien et que le développeur fait ses preuves».

La couleur du challenge pour les filles est ainsi lancée : être jeune, être femme dans un monde patriarcal (machiste, limite mysogyne), ne rien savoir au préalable sur le monde du coding, ne peut être un handicape si on veut réussir. 

Suffisent d’avoir : la volonté du changement, la sensibilité aux besoins de sa communauté, avoir une idée originale, être soit même et accepter l’échec pour mieux rebondir. Le reste n’est que détail.

Hazar Abidi

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