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Manouba : Reportage sur la station de contrôle satellitaire d’Arabsat à Dkhila (Partie 2)

Manouba : Reportage sur la station de contrôle satellitaire d’Arabsat à Dkhila (Partie 2)

«A part l’activation d’un nouveau canal sur le satellite comme nous venons de voir à l’instant, en quoi consiste votre travail ?», avons-nous posé la question à Othman Nemri. «A faire beaucoup de choses», répond-t-il souriant. «Mais ces jours-ci, nous préparons notre flotte aux équinox», rajoute de suite ce vétéran de l’équipe technique qui gère la flotte de satellites d’Arabsat en Tunisie (lire la première partie de notre reportage). 

Manouba : Reportage sur la station de contrôle satellitaire d’Arabsat à Dkhila (Partie 2)«A part l’activation d’un nouveau canal sur le satellite comme nous venons de voir à l’instant, en quoi consiste votre travail ?», avons-nous posé la question à Othman Nemri. «A faire beaucoup de choses», répond-t-il souriant. «Mais ces jours-ci, nous préparons notre flotte aux équinox», rajoute de suite ce vétéran de l’équipe technique qui gère la flotte de satellites d’Arabsat en Tunisie (lire la première partie de notre reportage). 

Les équinox, qui se produit le 21 mars et le 21 septembre de chaque année, est un phénomène astronomique où la nuit est aussi longue que le jour dans les 2 hémisphères. En s’approchant de cette zone, les satellites géostationnaires, subissent un éclipse solaire par la Terre. En temps normal, ces satellites ne plongent pratiquement pas (ou très peu) dans la pénombre de la terre. Mais durant ces équinox, ils rentrent complètement dans la zone d’ombre de la terre pendant 40 minutes max et ce, à minuit (heure satellite). Ce phénomène se reproduit durant 40 jours. Dans ces moments là, les panneaux solaires sont privés d’une partie ou de la totalité du rayonnement solaire. Du coup, la source d’énergie devient insuffisante pour le fonctionnement du satellite. De ce fait, les équipes techniques d’Arabsat basés à Tunis, préparent les batteries à prendre la relève, jusqu’à ce que les panneaux solaires arrivent à capter assez de luminosité pouvant faire fonctionner tout le satellite. 

Vu de derrière des grandes paraboles historiques d'Arabsat à Dkhila

Vu de derrière des grandes paraboles historiques d’Arabsat à Dkhila

Malgré ce travail important, sa grande expertise et sa passion pour son métier, Othman Nemri, un originaire de Ghomrassen (ville du Sud Est de la Tunisie), reste une personne très humble. Sa devise dans la vie : vivre simplement et loin du regard curieux des gens. Et il ne manquera pas de nous étonner quand il dit : «Vous savez, lorsqu’on me demande ce que je fais dans la vie, je répond que ‘je suis ftayri’ (faire les beignets, un métier notoire à beaucoup d’originaires de cette ville grâce à la qualité de leur beignets, ndlr)». Mais pourquoi cacher la vraie nature de son travail? «Parce qu’en Tunisie on accorde beaucoup d’importance aux apparences et au look des gens. Or moi, comme vous me voyez, je suis un homme simple et je m’habille simplement. Je suis un enfant du peuple. De plus, les gens ne me croient pas quand je leur dis que je gère des Satellites dans l’espace. Du coup je répond que je suis un ‘ftayri’. C’est moins casse tête».

Oussama Mech’houd (deuxième à partir de la gauche) nous accueille avec un large sourire pour la visite

Oussama Mech’houd (deuxième à partir de la gauche) nous accueille avec un large sourire pour la visite

Ne voulant pas abuser de la gentillesse de l’équipe de contrôle d’Arabsat et surtout de leur Chef M. Nemri, nous avons continué notre tour de la base. Au rez-de-chaussée, une salle se trouvant à quelques mètres du centre de contrôle, un peu plus à gauche. Juste devant, une dizaine de paraboles de tailles moyennes (5 mètres environ). «De cette salle, est sorti le tout premier signal de télévision numérique, il y a presque 20 ans», déclare, l’air amusé, Oussama Mech’houd, un des ingénieurs d’Arabsat basé en Tunisie. Cet algérien de 44 ans, travaille à Dkhila depuis presque 12 ans. Son visage s’illumine par un large sourire à chaque fois où il nous montre des équipements qui ont servi, jadis, à révolutionner le secteur audiovisuel arabe : «Vous voyez cette rangée ? C’est un multiplexeur analogique. En fin 98, début 99, Arabsat a pris l’initiative de lancer la transmission numérique. On reprenait le signal des chaines arabes émises sur les différents satellites. On les faisait passer par cet équipement pour les renvoyer vers le multiplexeur numérique qui se trouve juste derrière. Le signal numérique est par la suite renvoyé à nos paraboles d’émission. C’est ce qui a permis à Arabsat d’avoir plusieurs bouquets de chaines TV sur le numérique au lancement de cette technologie». 

 Les multiplexeurs analogiques (en gris), ceux du numérique sont derrière (en noir)

Les multiplexeurs analogiques (en gris), ceux du numérique sont derrière (en noir)

Cette salle, qui est devenue une sorte de mini musée de la révolution numérique, se trouve derrière la dizaine de paraboles de tailles moyennes qui pointent sur différents azimuts. Ces paraboles, justement, récoltaient, à l’époque les signaux des chaines en analogique. 

Les paraboles pointent sur différents azimuts, juste devant la salle des multiplexeurs

Les paraboles pointent sur différents azimuts, juste devant la salle des multiplexeurs

Cette opération a permis, tout de même, de réduire considérablement les frais de transmissions satellitaires de 3 millions de dinars/an (en analogique) à 300 mille dinars par an et par chaine (sur le numérique). Les deux systèmes ont cohabité jusqu’à 2003. Et c’est la raison pour laquelle beaucoup de ces équipements sont maintenant hors tension. Bien que d’autres coins de la salle servent, actuellement, pour le monitoring du signal de la flotte des satellites Arabsat, ainsi que la qualité de diffusion des chaines… en Haute Définition ! 

Welid Naffati 

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