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Smart Africa au MWC 2025 : vers un Conseil africain de l’IA pour une intelligence artificielle éthique, inclusive et utile

Lors du Mobile World Congress (MWC) 2025 à Barcelone, la délégation de Smart Africa, conduite par son directeur général Lacina Koné, a profité de ce rendez-vous mondial incontournable pour renforcer l’engagement du continent africain en matière d’intelligence artificielle. Dans une interview accordée à DigiClub, Lacina Koné a partagé les avancées majeures en cours, en particulier la mise en place d’un Conseil africain de l’intelligence artificielle, en concertation avec les États membres de l’alliance Smart Africa.

Cette initiative, en gestation depuis octobre 2024 avec l’appui du comité de pilotage de Smart Africa, a franchi un nouveau cap à Barcelone. Elle fait suite à des discussions entamées lors du Sommet mondial de l’intelligence artificielle à Paris, où une première ébauche de la note conceptuelle avait été présentée.

Ce Conseil africain de l’IA aura pour mission de coordonner les politiques publiques, de structurer les partenariats technologiques et de veiller à ce que l’intelligence artificielle soit mise au service des priorités du continent. Une première feuille de route, s’étendant sur un an, sera dévoilée en juillet prochain. Elle reposera sur cinq piliers stratégiques : la puissance informatique, les centres de données, les algorithmes, la réglementation et la structuration du marché.

Face à la course mondiale vers l’IA la plus avancée, l’Afrique adopte une position résolument pragmatique. « L’Afrique n’est pas à la recherche d’une intelligence artificielle puissante, mais utile », insiste Lacina Koné. Une distinction cruciale, car le continent se trouve confronté à des réalités spécifiques — un faible taux d’alphabétisation dans certaines zones, une digitalisation encore inégale, et des défis socio-économiques persistants.

Pour éviter que l’IA ne creuse davantage les inégalités, Smart Africa prône une approche inclusive, éthique et « soutenable dans la durée ». L’intelligence artificielle ne doit pas être une source supplémentaire de fractures numériques ou sociales, mais un levier pour réduire les écarts, favoriser l’inclusion et renforcer les capacités locales. Dans cette optique, le Conseil africain de l’IA agira comme une instance de gouvernance pour encourager les usages vertueux et adaptés au contexte africain.

Selon Lacina Koné, dans une Afrique encore largement agricole, l’IA peut jouer un rôle transformateur. « Comment améliorer notre agriculture grâce à l’IA et à la transformation numérique ? », interroge le DG de Smart Africa. La réponse tient en un mot : accélération. L’IA est en effet perçue comme un accélérateur de la transition numérique, capable de fournir des outils de prévision climatique, d’optimisation des rendements ou encore de gestion intelligente des ressources.

En valorisant les données locales, en formant les acteurs de terrain et en adaptant les algorithmes aux réalités africaines, l’IA peut soutenir une agriculture plus performante, plus résiliente et mieux intégrée dans les chaînes de valeur mondiales.

L’intervention de Lacina Koné au MWC 2025 témoigne ainsi d’un changement de paradigme : l’Afrique ne veut plus être un simple récepteur de technologies développées ailleurs, mais un acteur stratégique capable de définir ses propres besoins, de bâtir ses propres infrastructures, et d’innover à partir de ses propres ressources.

La création imminente du Conseil Africain de l’intelligence artificielle s’inscrit dans cette logique de souveraineté numérique, de coopération régionale et de développement endogène. Elle marque une étape cruciale pour faire de l’intelligence artificielle un véritable moteur de progrès humain et social à l’échelle du continent.

L’édition 2025 du MWC a aussi été l’occasion d’une session de formation dédiée aux régulateurs africains, centrée sur la « régulation agile ». Cette approche vise à créer des cadres réglementaires souples, évolutifs et adaptés à l’innovation rapide du secteur numérique, dans une dynamique de dialogue multi-acteurs, essentielle pour assurer la cohérence des politiques publiques et l’alignement des initiatives technologiques avec les objectifs de développement durable du continent.

Détails dans la vidéo ci-dessous :

Nadya Jennene

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