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Tunisie – Ammar 404 : Un challenge excitant

Tunisie - Ammar 404 : Un challenge excitant

En préparation à l’événement du Freedom Online Conference qui se déroule les 17 et 18 juin à Tunis, l’Agence Tunisienne d’Internet (ATI) a ouvert son local technique où Ben Ali hébergeait ses serveurs de censure. Ce qui s’appelait avant la maison de Ammar 404, est devenue, depuis le 15 juin 2013, un 404 Lab. Un endroit où la société civile organisera ses workshops, débats et réunions gratuitement et ce, pour une meilleure gouvernance d’Internet.

Tunisie - Ammar 404 : Un challenge excitantEn préparation à l’événement du Freedom Online Conference qui se déroule les 17 et 18 juin à Tunis, l’Agence Tunisienne d’Internet (ATI) a ouvert son local technique où Ben Ali hébergeait ses serveurs de censure. Ce qui s’appelait avant la maison de Ammar 404, est devenue, depuis le 15 juin 2013, un 404 Lab. Un endroit où la société civile organisera ses workshops, débats et réunions gratuitement et ce, pour une meilleure gouvernance d’Internet.

Lors de la journée d’ouverture, beaucoup d’ingénieurs sont venus des Etats-Unis, de Belgique et de la Tunisie (ingénieurs de l’ATI inclus) pour un seul et unique but : casser l’ancien système de censure et faire tomber les machines de Ammar 404. 

A 10h45, le sous-sol de l’ATI était déjà bondé. C’est ici qu’il y avait, avant le 14 janvier 2011, le matériel de cyber-flicage de Zaba. Le coup d’envoi de la compétition a été donné par Aaron Huslage, directeur technique de «iilab», venu spécialement du pays de l’Oncle Sam pour faire redémarrer la bête. Et pour cause, tout le matériel de filtrage n’est plus fonctionnel depuis quelques années et personne ne sait réellement le manipuler. La raison ? Ce sont des ingénieurs du ministère de l’Intérieur qui les géraient à distance et qui, bizarrement, ont tous disparu dans la nature depuis la chute du régime.

Le sous sol de l'ATI, les ingénieurs s'apprêtent à attaquer les serveurs de censure

Le sous-sol de l’ATI, les ingénieurs s’apprêtent à attaquer les serveurs de censure (crédit photo FoTunis)

«J’ai passé 5 jours d’affilée à comprendre comment fonctionne le système et à le paramétrer. C’était fatigant mais c’était excitant à la fois», a-t-il avoué aux participants. «Je suis un fervent défenseur de la liberté d’expression sur Internet. Le fait de voir qu’il y autant de monde qui partage cette passion et qui est venu aujourd’hui découvrir ce matériel, me fait chaud au cœur». 

Après l’émotion, place au travail. Une vingtaine de personnes, dont 5 femmes, ont aussitôt déballé leurs ordinateurs. «Organisons-nous en petits groupes et répartissons-nous les tâches», a suggéré l’un d’eux. Pour être plus efficace et infiltrer plus rapidement ce système, chacun devait s’occuper d’une tâche. 

Aaron Huslage, directeur technique de «ITLab»

Aaron Huslage, directeur technique de «iilab» (Crédit Photo Mourad Bouzayani)

Ce groupe s’est chargé de localiser les machines à travers des requêtes qu’il envoyait via leurs ordinateurs. D’autres, ont tenté de détecter le système d’exploitation installé sur la machine cible et ce, à travers la technique du «Finger Print». Une technique assez connue par les hackers de nos jours. Un autre groupe s’est chargé de s’infiltrer dans la machine et d’extraire différents fichiers de configuration pour voir les adresses Web et les IP bloquées. 

Sur 6 heures environ, les manipulations techniques se sont mélangées aux débats et à la rigolade. La passion et le travail de groupe a fini par faire crasher les serveurs de censure. Mission accomplie !

Meredith Whittaker, responsable Network Measurement chez Google

Meredith Whittaker, responsable Network Measurement chez Google (Crédit Photo Mourad Bouzayani)

Meredith Whittaker, responsable Network Measurement chez Google, a exprimé, pour sa part, sa pleine satisfaction de cette journée : «c’est une vraie opportunité de voir tous ces jeunes en train de collaborer ensemble pour édifier le concept de la liberté sur Internet. Je serais très contente de leur porter toute l’aide nécessaire de Google».

Ce Workshop était une réussite aux yeux de l’ATI. La direction n’exclut pas la possibilité de collaborer dans le futur avec ces hackers pour travailler sur la sécurité du Net en Tunisie et sa gestion. Une affaire à suivre, donc.

Arwa Jouini

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