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Tunisie : L’INRIC demande au gouvernement d’interdire la censure sur le Net

Le rapport final de l’instance nationale pour la réforme de l’information et de la communication (INRIC) a été présenté par le président de l’instance, Kamal Laabidi, lors d’une conférence de presse tenue en fin de semaine dernière à Tunis. Sur plus de 360 pages, ce rapport fait un état des lieux du secteur de l’information en Tunisie post-révolution (de mars 2011, jusqu’à mars 2012) et donne quelques recommandations pour remédier aux défaillances. Faisant partie intégrante du paysage de l’information en Tunisie, avant et après la chute du régime, l’INRIC a consacré tout un chapitre à la presse électronique et aux blogs dans son rapport.

L’instance de Kamal Laabidi a tout d’abord mis en exergue la place des bloggeurs, des sites d’opposition et des forums/réseaux sociaux qui ont joué un rôle important sous Ben Ali en informant les citoyens sur les dérives du despote. Ces supports électroniques ont permis de contrer la grande machine de propagande médiatique. Notamment durant les derniers jours du régime.

D’après le rapport, les activistes du Web et les bloggeurs sont réfractaires à toute tentative de régulation de ce secteur car elle serait assimilée à une tentative de contrôle de ce support.

C’est la raison pour laquelle, l’INRIC préconise au gouvernement d’«énoncer impérativement dans les textes de loi la protection du droit et de la liberté d’opinion d’expression sur Internet, en général, et dans le secteur de la presse électronique en particulier, au même titre que la presse électronique en particulier, au même titre que la presse écrite et audiovisuelle».

 

Mais cette liberté énoncée dans la loi ne doit en aucun cas devenir une porte ouverte à toutes les dérives (diffamation, diffusion d’intox, etc.). C’est pourquoi l’INRIC demande également que le gouvernement énonce dans ce texte de loi «le respect des standards internationaux en matière de liberté d’expression dans ce domaine».

En cas de non respect des journalistes/bloggeurs de ces règles déontologiques et professionnelles, il appartiendra à la justice, et uniquement à la justice, le pouvoir de sanctionner les violations.

Sur un autre volet, le rapport de l’INRIC a abordé le sujet de l’audiométrie sur le Net. En absence d’outils sérieux, l’instance constate en effet que les professionnels du Web, ainsi que les annonceurs, sont en train de se baser sur les statistiques d’Alexa pour classer les supports d’information en ligne les plus consultés par les Tunisiens. De ce fait, l’INRIC s’inquiète de quelques dérives. Car pour booster leur trafic, et donc leur classement, ces quelques supports font appel à des techniques subterfuges, dont la location de pages facebook, pour augmenter le nombre de visiteurs et pages vues. Quitte à falsifier carrément les statistiques réelles du site. Tout ça, pour vendre plus cher leurs espaces pub.

Notons toutefois que l’INRIC n’a pas préconisé de solutions dans son rapport sur ce point précis. Bien que la solution existe. Il suffit en effet qu’une instance indépendante (comme l’Instance nationale des télécommunications, INT) puisse consacrer le matériel de censure qui était utilisé sous Ben Ali, au monitoring des sites les plus consultés par les IP tunisiennes. A condition que ce monitoring soit fait après l’aval du propriétaire du site.

Welid Naffati

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