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2014, possible lancement de la 4G en Tunisie avec passage au tout IPv6

2014, possible lancement de la 4G en Tunisie et le passage au tout IPv6

Le poids de l’Afrique dans l’Internet mondial est faible. C’est un fait. La raison ? Ce continent ne propose que très peu de contenu numérique. Ceux qui y résident ont, ainsi, besoin de se connecter aux autres continents (notamment l’Europe et l’Amérique) pour naviguer sur Internet. La Tunisie, malheureusement, ne fait pas exception, dans ce constat de dépendance.

2014, possible lancement de la 4G en Tunisie et le passage au tout IPv6Le poids de l’Afrique dans l’Internet mondial est faible. C’est un fait. La raison ? Ce continent ne propose que très peu de contenu numérique. Ceux qui y résident ont, ainsi, besoin de se connecter aux autres continents (notamment l’Europe et l’Amérique) pour naviguer sur Internet. La Tunisie, malheureusement, ne fait pas exception, dans ce constat de dépendance. 

«Fournir l’accès à Internet est un devoir universel. On est appelé à installer une infrastructure de connexion partout. C’est notre responsabilité à nous tous (les gouvernements par le biais des opérateurs télécoms, ndlr). Mais une fois que la connexion est disponible, quels services et contenus allons-nous fournir derrière ?», s’est demandé Moez Chakchouk, PDG de l’Agence Tunisienne d’Internet (ATI) lors du workshop sur l’IPv6 qui s’est déroulé le 26 avril dernier dans un hôtel à Gammart. «Pour un meilleur Internet, il nous faut des actions réelles via plusieurs partis, dont les startups et la société civile».

Car ce n’est plus un secret pour personne, Internet n’est pas seulement de la technicité, des câbles, des routeurs et des serveurs. C’est aussi du contenu que fournissent des personnes physiques ou des startups. Un contenu sous forme de sites, blogs, services Web, applications, jeux en ligne, etc. Sans eux, Internet serait comme une terre vierge.

Lobyying et rôle de la société civile

Mais dans cette chaine, un maillon de grande importance est plus ou moins oublié : les lois. En effet, si on prend le cas de la Tunisie, Internet est toujours considéré comme un média et non un support de télécommunication ou un support technologique. Il peut être, donc, régi par le code de la presse. 

S’il y a un contenu numérique jugé «gênant» par le pouvoir exécutif et qui est hébergé en Tunisie, le ministère de l’Intérieur peut alors débarquer dans le Data Center pour arrêter la diffusion. Comment ? En confisquant le serveur. En effet, dans ce code de la presse, l’hébergeur est aussi tenu responsable du contenu qu’il diffuse. Même s’il ne fournit que l’infrastructure comme service.

Et c’est là que la société civile doit aussi jouer son rôle. Elle doit faire pression sur le gouvernement pour changer, ou mettre en place des lois qui garantissent la neutralité du réseau et sa prospérité. C’est ce qu’on appelle la bonne gouvernance. Cette pression peut se faire soit à titre individuel, soit via les médias, soit via des institutions telles que l’IGF ou l’Afrinic.

De gauche à droite : Tijani Ben Jemaa (ICANN), Kamal Saadaoui (INT), Mongi Marzoug (ministre des TIC), Adiel Akplogan (Afrinic) et Khaled Koubaa (Google)

De gauche à droite : Tijani Ben Jemaa (ICANN), Kamal Saadaoui (INT), Mongi Marzoug (ministre des TIC), Adiel Akplogan (Afrinic) et Khaled Koubaa (Google)

ATI, Meninx et Orange Tunisie

«En Tunisie, nous avons des fournisseurs d’accès Internet, des opérateurs et des fournisseurs de service Internet. Pourquoi ne font-ils pas partie de l’Afrinic ? Pourquoi avons-nous seulement l’ATI, Meninx et Orange Tunisie comme seuls représentants tunisiens dans le conseil de l’Afrinic ?», s’est étonné M. Chakchouk. «Pourquoi chaque FAI n’a pas son propre ASNumber et ne gère pas, ainsi, lui même ses ressources IP ? Au jour d’aujourd’hui, un client cherchant à identifier son adresse IP, trouvera l’ATI comme fournisseur de la connexion. Et pourtant, il paye son abonnement chez un FAI». 

«Jusqu’à quand allez-vous continuer avec cette politique ? Vous ne pouvez pas tout le temps compter sur l’ATI», a-t-il interpellé les représentants des FAI et des opérateurs présents dans la salle. Un avis qui a été partagé par Adiel Akplogan, président de l’Afrinic : «Nous avons un très faible engagement du secteur privé dans le déploiement de l’IPv6. Aujourd’hui, ce sont plutôt les gouvernements qui poussent dans ce sens. C’est là le problème. Car les autres pensent que l’Etat veut se l’accaparer et le contrôler. Et à ces entreprises, moi je demande si elles ont calculé l’impact de la pénurie des IPv4 sur leur business».

Tunisie Telecom : Ce n’est pas notre faute, c’est la leur

Et c’est là toute la problématique : que fera une entreprise dont le travail est basé essentiellement (pour ne pas dire exclusivement) sur Internet quand la pénurie de l’IPv4 pointera son nez ? Et puis, quid des opérateurs et fournisseurs d’accès ? On imagine mal une startup attendre que son FAI se lance dans l’IPv6 pour pouvoir diversifier ses services. Car il faut le dire, cette version du protocole Internet offre des avantages innombrables. Comme le Multicast (ce qui permet de consommer moins de ressources serveur) ou encore la sécurité.

«Nous sommes déjà prêts», intervient Nizar Bouguila, directeur technique central de Tunisie Telecom. «Notre infrastructure est compatible IPv6, il suffit juste que les FAI décident du moment pour s’y lancer. Surtout qu’on peut basculer à la 4G en 2014. Et c’est là qu’on aura réellement besoin de l’IPv6». 

La réponse de l’ATI ne s’est pas fait attendre. «Mais vous êtes l’actionnaire majoritaire dans notre capital. On peut vous aider à convaincre les FAI d’adopter l’IPv6», rétorque M. Chakchouk. A noter que l’ATI est le revendeur de la bande passante nationale et internationale à ces FAI. Rappelons également que Tunisie Telecom est actionnaire à 100% dans le capital du FAI Topnet.

Lors du workshop sur l'IPv6 à Tunis en présence de l'Afrinic

Google souhaite l’intervention de l’Etat 

«Je pense que c’est le rôle de l’Etat de trouver une politique d’encouragement pour déployer l’IPv6. C’est la seule façon qui poussera le secteur privé à suivre le pas», a déclaré Khaled Koubaa, Policy Manager chez Google sur l’Afrique du Nord. Cette politique peut aller de la fiscalité jusqu’aux fonds d’investissement en passant par l’imposition aux FAI publics, tels que le Centre National d’Informatique, de l’adoption de l’IPv6.

Présent depuis le début de la table ronde, le ministre des TIC a fini par sortir de son silence et défendre le gouvernement : «Il n’y a rien qui empêche les entreprises d’adopter l’IPv6. Il faudrait juste les convaincre sur l’enjeu économique de la chose. Nous sommes en train d’étudier et de planifier le lancement de la LTE (4G, ndlr). Ca sera peut-être l’occasion pour qu’on invite les opérateurs à basculer définitivement à l’IPv6».

Cette sensation d’inachevé…

«Je me permets de parler au nom du secteur privé pour commenter le développement de l’IPv6 en Tunisie», a réagi Atef Loukil, manager chez OneTech et membre de l’IGF tunisien. «Je travaille dans une entreprise qui gère et installe des réseaux pour le compte des opérateurs. Nous avons essayé de les convaincre de déployer l’IPv6 et nous nous heurtons à chaque fois à la même réponse : ‘Pour quoi faire ?’. Il faut un marché leader pour que les opérateurs suivent. L’IPv6 est une vraie locomotive de développement et de création de valeur ajoutée. Le bénéfice sur l’échelle macro-économique est énorme. Il faut créer et développer un marché de services basé sur ce protocole Internet. L’ATI a fait beaucoup pour rendre notre réseau national prêt à l’IPv6. Mais il y a un sentiment d’inachevé. C’est maintenant au tour du gouvernement de terminer le travail».

Welid Naffati

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