En résumé :
- Consultation Stratégique 5G Privée : La bande 3.3-3.4 GHz est reconnue internationalement comme un équilibre optimal pour la 5G, offrant des débits élevés cruciaux pour les applications industrielles avancées, même si son utilisation en Tunisie est limitée par des radars maritimes historiques
- Débat Opérateurs vs. Équipementiers : Les opérateurs s’opposent à cette nouvelle attribution, préférant utiliser les bandes existantes, tandis que les équipementiers la soutiennent sous conditions strictes.
- Innovation et Gestion du Spectre : Cette ouverture est vue comme un levier d’innovation pour les industries tunisiennes, mais nécessite une gestion intelligente et rigoureuse du spectre.
L’Agence Nationale des Fréquences (ANF) vient de publier la synthèse d’une consultation publique stratégique : « Horizons de l’attribution de la bande 3.3-3.4 GHz pour les réseaux 5G privés en Tunisie ». Cette démarche, hautement prospective, vise à anticiper les besoins des secteurs dits « verticaux » (industrie, énergie, santé, transport, ports intelligents…) en matière de connectivité ultra-performante, tout en s’alignant sur les tendances internationales.
Un spectre clé pour la 5G privée
La bande 3,3-3,4 GHz, composante de la fameuse « bande C », est considérée comme un compromis idéal entre couverture et débit. Elle permet des vitesses de plusieurs Gbps, cruciales pour les applications industrielles avancées et les environnements critiques. Si cette bande est déjà identifiée pour l’IMT (International Mobile Telecommunications) dans de nombreuses régions du monde, elle demeure sous-exploitée en Tunisie, notamment en raison de son utilisation historique par des radars maritimes sur les côtes européennes.
Un débat ouvert entre opérateurs, équipementiers et experts
La consultation a recueilli 8 contributions majeures : CERT, GSA, Huawei, Ericsson, Nokia, Orange Tunisie, Tunisie Telecom et Ooredoo Tunisie. Les avis sont partagés :
– Opérateurs télécoms (Orange, Tunisie Telecom, Ooredoo) : Ils s’opposent à une attribution supplémentaire du spectre à ce stade, plaidant pour une valorisation des bandes déjà attribuées (notamment 3.4-3.8 GHz) et l’utilisation de solutions techniques avancées (network slicing, NB-IoT, LTE-M) pour répondre aux besoins des verticaux.
– Équipementiers (Huawei, Nokia, GSA) : Ils encouragent une ouverture contrôlée de la bande 3.3-3.4 GHz, sous conditions techniques et réglementaires strictes, en soulignant son potentiel pour des réseaux privés localisés.
– CERT : Prône la prudence et l’analyse fine des besoins réels, afin d’éviter une fragmentation inefficace du spectre.
Quelles opportunités pour les verticaux ?
Trois scénarios d’usages émergent :
- Extension de capacité dans les zones éloignées des côtes, via un usage localisé.
- Déploiement indoor (usines, campus, hôpitaux), grâce à des small cells et des contraintes d’ingénierie pour éviter toute interférence.
- Déploiement outdoor dans des zones isolées, avec des stations adaptées et une gestion rigoureuse des émissions.
Les équipementiers insistent sur la nécessité d’imposer des conditions techniques draconiennes pour protéger les radars maritimes et éviter les interférences avec les réseaux IMT adjacents.
Les fonctionnalités avancées de la 5G privée
Au-delà du network slicing, la 5G privée permet de déployer des fonctionnalités de pointe : Multi-access Edge Computing (MEC), virtualisation du cœur de réseau, ultra-haute disponibilité, latence ultra-faible, localisation précise… Autant d’atouts pour garantir des SLA (Service Level Agreements) adaptés aux secteurs les plus exigeants.
Un spectre déjà suffisant… mais à surveiller
Les opérateurs estiment que les 120 MHz déjà attribués dans la bande 3,5 GHz et les 60 MHz en 2,6 GHz suffisent pour répondre aux besoins actuels et à moyen terme. Néanmoins, tous s’accordent sur la nécessité de surveiller l’évolution des usages et de prévoir une flexibilité dans l’octroi de licences locales, si de nouveaux besoins émergent.
Vers une gestion intelligente et harmonisée du spectre
La consultation met en lumière un enjeu central : la gestion intelligente du spectre, pour éviter la dispersion et garantir une supervision efficace. Les normes 3GPP (bandes n77/n78) offrent un cadre technique robuste pour dimensionner les attributions futures.
Conclusion : une fenêtre d’opportunité pour l’innovation tunisienne
L’ouverture contrôlée de la bande 3,3-3,4 GHz pourrait offrir à la Tunisie un levier d’innovation majeur pour ses industries et services critiques, à condition de concilier exigences techniques, sécurité et flexibilité réglementaire. THD.tn continuera à suivre de près ce dossier stratégique, véritable pierre angulaire de la souveraineté numérique et de la compétitivité tunisienne à l’ère de la 5G.
Walid Naffati avec IA
