L’Allemagne intensifie sa vigilance vis-à-vis des technologies issues de Chine. Vendredi dernier, le régulateur a demandé officiellement à Apple et Google de retirer l’application DeepSeek de leurs plateformes. En cause : de sérieuses préoccupations liées à la protection des données personnelles des utilisateurs allemands.
L’alerte a été lancée par la commissaire à la protection des données du pays, Meike Kamp, qui a publié un communiqué dénonçant les pratiques de DeepSeek, une startup chinoise spécialisée en intelligence artificielle. Selon Kamp, la plateforme transfère illégalement des données personnelles d’utilisateurs allemands vers la Chine, sans garantir un niveau de protection conforme aux standards européens.
Dans son communiqué, Meike Kamp a précisé que DeepSeek stocke sur des serveurs chinois des données sensibles, telles que des informations personnelles et des fichiers téléchargés par les utilisateurs. « L’entreprise n’a pas été en mesure de démontrer que les données des utilisateurs allemands bénéficient d’un niveau de protection équivalent à celui de l’Union européenne », a-t-elle indiqué. Elle ajoute que « les autorités chinoises disposent d’un accès étendu aux données personnelles traitées par les entreprises sous leur influence ».
Si aucun délai précis n’a été imposé aux géants Apple et Google, ceux-ci doivent désormais examiner la demande du régulateur et statuer sur le maintien ou non de l’application dans leurs boutiques en ligne.
L’Allemagne n’est pas le premier pays à s’inquiéter des activités de DeepSeek. L’Australie, l’Italie et Taïwan ont déjà mis en place des restrictions visant l’usage de cette IA, tandis que plusieurs entreprises privées ont décidé de bloquer son accès sur leurs réseaux.
De son côté, les États-Unis envisagent d’aller encore plus loin. Des parlementaires américains ont proposé une législation visant à interdire aux agences gouvernementales l’utilisation de modèles d’IA développés en Chine, citant des risques en matière de cybersécurité et de souveraineté numérique.
Malgré la controverse en Europe et dans d’autres régions du monde, DeepSeek continue de séduire certains acteurs industriels, notamment en Chine. En avril, lors du Salon automobile de Shanghai, le PDG de BMW, Oliver Zipse, a annoncé que la marque allemande allait commencer à intégrer l’IA de DeepSeek dans ses nouveaux modèles destinés au marché chinois à partir de la fin de l’année.
Le cas DeepSeek pourrait bien devenir un précédent emblématique dans la régulation des IA étrangères, en particulier celles provenant de pays où les cadres juridiques en matière de données diffèrent fondamentalement de ceux de l’UE.
N.J
