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Les nouveaux défis du marché du travail entre technologies et flexibilité

Moins bonne santé physique et mentale chez les travailleurs depuis le début de la pandémie du COVID-19, risque de démission en hausse et nouveaux défis induits par l’automatisation et l’intelligence artificielle (IA) ; l’Université de Melbourne s’est penchée sur le sujet en juin dernier. Le « Rapport sur l’avenir du travail en 2023 » a été publié le lundi 20 mars 2023 par l’université australienne ; une enquête nationale menée auprès de 1400 travailleurs sur leurs expériences au travail depuis le début de la pandémie.

Avant la pandémie du COVID-19, les pratiques de travail flexibles telles que le travail à distance, ou hybride, étaient souvent adoptées par des groupes distincts de travailleurs tels que les ingénieurs en logiciel ou encore les travailleurs de plateforme ; le travail flexible et/ou à distance était une exception plutôt que la norme tandis que lors de la pandémie du COVID-19, du confinement et des fermetures persistantes des lieux de travail, des groupes plus large de travailleurs ont eu l’opportunité d’expérimenter le travail à distance, hybride et flexible.

D’après l’étude menée, 45 % des travailleurs australiens pensent que l’évolution des attitudes à l’égard du travail à distance transformera les configurations de travail dans les trois à cinq prochaines années, tandis que 10 % seulement sont favorables à un environnement de travail “traditionnel”.

En outre, les travailleurs n’ayant pas accès à une flexibilité dans leur emploi du temps, soit 55% des personnes interrogées, ont confié se sentir épuisés et moins motivées au travail avec moins de temps pour accomplir leurs tâches par rapport à ceux qui bénéficient d’un travail flexible. Les travailleurs australiens sont, ainsi, en moins bonne santé physique et mentale depuis le début de la pandémie.

Par ailleurs, les travailleurs âgés entre 25 et 55 ans sont les plus touchés par ces problématiques avec un tiers d’entre eux ayant envisagé de démissionner tandis que les travailleurs les plus jeunes, âgés de 18 à 24 ans, ont quant à eux moins accès au travail flexible. En effet, les travailleurs diplômés de l’enseignement supérieur (55%) ont un accès nettement plus important au travail flexible que ceux qui n’ont pas de diplôme de l’enseignement supérieur (36%).

Le Dr Brendan Churchill, coauteur du rapport et sociologue, a déclaré : « Avec des taux élevés de fatigue et d’épuisement chez les jeunes travailleurs et les travailleurs d’âge moyen, il n’est pas surprenant que plus d’un tiers des travailleurs d’âge mûr en Australie envisagent de quitter leur emploi. Les entreprises australiennes doivent donner la priorité au bien-être des travailleurs dans le cadre de la reprise, afin de les aider davantage à lutter contre l’épuisement professionnel et la détresse mentale. »

Technologies et défis

De plus, la pandémie de COVID-19 a accéléré l’adoption des technologies dans de nombreuses organisations bouleversant les méthodes de travail actuelles. L’automatisation et l’utilisation de l’IA devraient avoir un impact majeur sur le monde du travail, notamment avec l’arrivée du ChatGPT ; un changement représenté par la perte de 7 à 11 % des emplois australiens soit 630 000 à 2,7 millions d’emplois, d’après l’enquête effectuée. Selon le même rapport, les travailleurs australiens ne sont guère préparés à relever ces défis.

Le professeur David Bissell, coauteur du rapport et géographe humain, a déclaré : « Nous avons constaté que la plupart des Australiens ne sont pas trop inquiets à l’idée d’être remplacés par l’IA et l’automatisation au travail, et pensent que leurs compétences sont suffisantes pour relever les défis à venir. »

Les recherches ont ainsi démontré que les travailleurs de moins de 35 ans et de plus de 55 ans sont les moins nombreux à penser que leur emploi est menacé par l’autonomisation et l’IA, soit plus de 30 % de travailleurs masculins et 16 % de travailleuses. L’intégration complète des femmes et des hommes dans la main-d’œuvre, de manière égale, sera donc essentielle pour l’économie australienne.

Pareillement, deux tiers des hommes se disent confiants de la compétitivité de leurs compétences, contre seulement 55 % des femmes. Les personnes les moins confiantes de la compétitivité de leurs compétences sont les plus jeunes, âgés de 18 à 24 ans, et les plus âgées, de 55 ans et plus. Il est important de souligner qu’un quart des personnes ayant un diplôme de l’enseignement supérieur sont plus susceptibles de déclarer être un apprenant précoce de nouvelles technologies, contre seulement 15 % des personnes n’ayant pas de diplôme de l’enseignement supérieur.

« Notre étude montre que les Australiens adoptent avec prudence les nouvelles technologies sur le lieu de travail. Un Australien sur cinq déclare qu’il n’adopte les nouvelles technologies sur son lieu de travail que lorsqu’il y est contraint. Nous devons donc comprendre les raisons de cette attitude et faciliter une utilisation des technologies qui soit ouverte à tous », affirme le professeur David Bissell, coauteur du rapport et géographe humain.

Le rapport est un appel au gouvernement pour la préparation de l’Australie à l’avenir du travail à travers la mise en place de services de garde d’enfants gratuits, universels et de qualité, l’accès des travailleurs au travail flexible et à distance en tant que droit du travail, conformément aux autres pays de l’OCDE, et l’accès égal au perfectionnement technologique, en particulier pour les groupes traditionnellement sous-représentés afin de répondre aux changements démographiques, technologiques et géographiques.

Meriem Choukaïr 

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