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Tunisie : Le Cloud Computing est-il le fils légitime des opérateurs télécoms ?

Tunisie : Le Cloud Computing est-il le fils légitime des opérateurs télécoms ? Depuis quelques années, une nouvelle tendance commence à se faire sentir dans le marché des TIC en Tunisie, et notamment chez les entreprises : de plus en plus de sociétés externalisent leurs données chez des prestataires de services, sur des serveurs distants. Les frais d’entretien de ces serveurs, de leurs mises à jour de sécurité et des logiciels qui y sont installés sont ainsi à la charge du prestataire qui les facturent à son client. De ce fait, les PME/PMI n’ont plus à faire des investissements lourds dans une infrastructure informatique qui leur coûterait cher et qui, la majorité du temps, ne serait pas adéquate à leurs besoins du moment.

Mieux encore : en mutualisant son infrastructure entre les différents clients, le prestataire de services facture uniquement ce dont a besoin l’entreprise en termes de bande passante et la capacité qu’elle consomme sur le serveur. Résultat : les PME/PMI font des économies tout en améliorant leur productivité.

Mais peut-on limiter la prestation des services Cloud uniquement aux opérateurs télécoms pour obtenir la qualité recherchée ? Cette question et bien d’autres, ont été soulevées lors de la 4ème édition du Storage & Security Forum qui s’est déroulée le mardi 27 novembre à Tunis.

Après une définition du Cloud Computing en généralité, Montasser Bech Ouardiane de la Direction Marketing Entreprise de Tunisie Telecom, a mis en exergue durant sa présentation la flexibilité du service Cloud que fournit l’opérateur historique. Allant de l’Infrastructure As A Service (IAAS) où l’opérateur alloue uniquement ses serveurs nus (sans installation) et la bande passante au client qui fera usage de cette plateforme comme bon lui semble, au Software As A service (SAAS) où l’entreprise achète uniquement l’accès aux logiciels dont elle a besoin pour sa production, en passant par la Plateforme As A Service (PAAS) où le client ne gère que ses données et installe les applications à sa guise.

Le concept du SAAS a été encore plus poussé par Tunisie Telecom pour qu’il s’adapte à des besoins spécifiques, quoique temporaires, mais fort utiles aux petites entreprises, comme les appels en conférences (avec ou sans visio) avec possibilité de partager les documents en temps réel via une plateforme Web qui leur est dédiée. Et pour les entreprises qui ont des mails professionnels avec des adresses au nom de domaine de leur société, Tunisie Telecom propose d’externaliser la gestion de ces boites mails dans ses Data Center sous forme de SAAS. Plus besoin, donc, d’installer de serveur de mailing interne et de le configurer.

«Le marché présente très peu d’acteurs qui peuvent offrir de tels services», déclare M. Bach Ouardiane. «On voit également l’apparition de nouveaux acteurs qui essayent de se positionner sur ce segment. Cette tendance est d’autant plus naturelle que la tendance des entreprises tunisiennes à externaliser leurs services IT devient de plus en plus visible».

Nous l’avons bien compris, Tunisie Telecom multiplie ses offres sur le Cloud et se plie en 4 pour ses clients Pro rien que pour barrer la route aux futurs concurrents, notamment les nouvelles startups qui sont en train de mettre en place leurs propres Data Centers. Après tout, c’est le premier opérateur télécom à lancer le Cloud Computing en Tunisie. Et TT compte bien défendre sa position de leader coûte que coûte.

AbdelAziz Ben Aziza, responsable des services Cloud chez Tunisie Telecom, défend l'idée que les opérateurs sont les mieux placés pour lancer des services Cloud de qualité

«Il n’y a pas de Cloud sans réseau», fait remarquer pour sa part Abdelaziz Ben Aziza, responsable des services Cloud chez Tunisie Telecom. «Le Cloud Computing est au coeur des métiers d’un opérateur télécom. Il est le seul à disposer de son propre réseau de télécommunication, de ses propres équipements de stockage et d’hébergement, de ses outils de sécurisation des données et de ses systèmes de facturation».

Traduction : il ne suffit pas d’avoir des serveurs, une source d’alimentation, un système de refroidissement et une connexion en haut débit pour lancer du Cloud. Sans une connexion fiable, de bout en bout, depuis le PC du client jusqu’au Data Center. Et surtout, sans les solutions virtualisées qu’on doit installer sur le serveur, la sauvegarde des données en cas de perte, la redondance des serveurs et la sécurisation des accès contre les possibles attaques pirates, un service Cloud ne pourra jamais réussir.

Et c’est là que M. Ben Aziza a tenté d’expliquer aux invités du Forum, qu’un opérateur télécom, comme TT, est la seule entité qui maîtrise de bout en bout le Cloud Computing vu qu’elle possède elle-même sa propre infrastructure de connexion (ADSL, fibre optique ou 3G), de transfert des données jusqu’au Data Center via les dorsales nationales et internationales ainsi que les réseaux IP MPLS.

«Et puis les Data Centers de TT, qu’on peut considérer comme la dernière strate pour se connecter au service Cloud, ne datent pas d’hier», s’exclame M. Ben Aziza. «Ils sont déjà utilisés pour les besoins internes de Tunisie Telecom». Les Data Centers n’ont plus aucun secret pour les équipes techniques de TT, donc. «Au lieu d’opter pour du Cloud à l’extérieur de la Tunisie, l’hébergement en local offre l’avantage d’avoir un contact fiable en cas de panne via une Hotline dédiée, des chargés Grand comptes ou des structures qui représentent TT dans les régions», poursuit-il.

Bref, le Cloud Computing made by un opérateur national tel que Tunisie Telecom c’est tout bénéf’ ! Techniquement du moins. Car en absence d’une réglementation claire qui garantit la neutralité du Net en Tunisie, les éditeurs continueront à préférer les Data Centers de pays où le respect des lois est garanti. En l’absence de garanties légales, et encore moins constitutionnelles, sur la liberté d’information sur le Net, le retour de Ammar 404 reste toujours plausible.

Welid Naffati

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