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Plus de points d’échange (IXP) pour un internet gratuit et plus résilient

Un e-mail peut traverser plusieurs pays avant d’arriver dans la boîte de réception de votre collègue alors qu’il est connecté au même réseau que vous. Et pour cause, l’absence d’un itinéraire internet plus courts et direct dans votre zone géographique. Ces itinéraires sont possibles grâce aux points d’échanges communément appelés IXP. Ces infrastructures permettent de regrouper le trafic internet dans un carrefour pour ensuite l’acheminer à travers les routes les plus courtes vers sa destination finale. Cela permet de réduire les coûts de transit de l’internet, le temps de réponse et améliorer l’expérience client.

La Tunisie a tenté l’expérience mais ne dispose actuellement que d’un seul point d’échange opérationnel sur les deux mis en place. Si l’on prend en considération la courbe du développement économique local et la densité démographique « il serait facile pour le pays d’accueillir jusqu’à sept points d’échange », affirme le directeur exécutif de Packet Clearing House (PCH), Bill Woodcock, dans une interview accordée à THD.tn.

Les IXP peuvent être un levier pour un internet plus résilient. Leur déploiement ne coûte en plus quasiment rien. « Un point d’échange coûte en moyenne huit mille dollars américains, mais il est également possible de le faire gratuitement en collaboration avec plusieurs parties prenantes, PCH notamment, ou encore la Banque mondiale, l’Union africaine qui dispose d’un programme dédié, et l’Afrinic », indique M. Woodcock.

 

« La Tunisie devrait d’abord examiner la situation actuelle des points d’échange dont elle dispose pour ensuite trouver les solutions adéquates pour leur réussite (…) notamment la disponibilité du contenu international auxquels les Tunisiens tentent accéder », ajoute-t-il soulignant l’impact économique que la disponibilité de ce contenu localement représente.

Ramener le contenu international à un point d’échange local permet, en effet, de réduire le coût du transit à travers les câbles internationaux ; « un coût qui incombe aux Tunisiens alors qu’ils peuvent communiquer directement », sans passer par des intermédiaires de transit internet. « C’est ce à quoi servent les points d’échange. Ils permettent de construire un business localement, de générer des revenus, des emplois, de la richesse… au lieu d’exporter de l’argent à l’étranger », explique le responsable.

Plus on multiplie les points d’échange, mieux c’est. En construire en Tunisie n’est cependant pas simple. « La Tunisie fait partie des rares pays qui exigent une licence gouvernementale pour ouvrir un point d’échange. A mon sens, il faut d’abord commencer par supprimer cette licence ou aller vers une licence de type classe unique », pour que le pays soit en mesure d’accueillir plusieurs points d’échange, construire tout un écosystème économique autour pour arriver à un internet « gratuit » et plus résilient.

L’interview au complet est disponible en audio sur notre canal SoundCloud et en version vidéo sur notre chaîne Youtube.

Nadya Jennene

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