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Peut-on prévoir un avenir prometteur pour le Cloud en Tunisie avec des tuyaux vides ?

Peut-on prévoir un avenir prometteur du Cloud en Tunisie avec des tuyaux vides ?

Les choses vont très mal et ça va devenir catastrophique si on ne se met pas à travailler ensemble dès maintenant. C’est un peu la conclusion qu’on peut tirer de la première journée de la manifestation Africloud Forum organisée par la Chambre Nationale des Sociétés de Services et d’Ingénierie Informatique (INFOTICA) au siège de l’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA) les 13 et 14 février. Les différents fournisseurs de solutions Cloud, dont Tunisie Telecom, étaient présents pour défendre leurs offres et prouver aux visiteurs que l’avenir, c’est le cloud.

Peut-on prévoir un avenir prometteur du Cloud en Tunisie avec des tuyaux vides ?Les choses vont très mal et ça va devenir catastrophique si on ne se met pas à travailler ensemble dès maintenant. C’est un peu la conclusion qu’on peut tirer de la première journée de la manifestation Africloud Forum organisée par la Chambre Nationale des Sociétés de Services et d’Ingénierie Informatique (INFOTICA) au siège de l’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA) les 13 et 14 février. Les différents fournisseurs de solutions Cloud, dont Tunisie Telecom, étaient présents pour défendre leurs offres et prouver aux visiteurs que l’avenir, c’est le cloud. 

Et c’est ce point qui a été mis en exergue lors de la première table-ronde qui a eu pour thème «le Cloud, levier de la transition numérique». Selma Turki, Business Development Executive chez IBM, a parlé du potentiel du marché africain pour le cloud. Pour elle, si on veut faire du business, il faut aller plus vers le sud où l’Internet est en pleine expansion. Mais ceci ne peut se faire demain la veille si on n’établit pas un plan. «Il faut toujours partir d’une vision, de comment on peut réaliser ce projet sur le court et moyen terme», a–t-elle insisté. «Et parmi ces plans, on doit se demander quelles sont les compétences IT qu’il faudra préparer pour répondre à cette vision et puis comment préserver la sécurité des données». 

Car il faut bien se le dire, autant le cloud présente une très bonne alternative aux systèmes d’information installés dans les sièges des entreprises ou ministères (moins de coût d’installation, moins de travail de maintenance, moins de dépenses en licences et frais d’entretien, etc.), autant le passage de ces données sur le cloud, soit-il privé ou public, comporte des risques. Les serveurs distants, les ordinateurs sur lesquels travaillent les salariés ainsi que les solutions cloud, doivent présenter un minimum de garantie de sécurité pour éviter le vol ou la destruction des données.

Mais ceci ne doit, en aucun cas, rendre l’hébergement cloud rigide. Dans un marché super concurrentiel tel que le Cloud, où les frontières n’existent pas, il faut que les entreprises qui le fournissent soient vraiment réactives et flexibles pour répondre rapidement et efficacement aux demandes des clients. «C’est ainsi qu’on peut gagner de nouvelles parts de marché dans l’Afrique», a conseillé Mme Turki qui a terminé son intervention par une note positive sur la feuille de route 2018 créée par le ministère des TIC en 2013 lors du séminaire de Tabarka. «Il faut que la Tunisie se considère comme la porte pour l’Afrique, mais aussi un hub interconnecté avec les autres continents», a-t-elle conclu. 

Selma Turki d'IBM

Selma Turki d’IBM

Pour Wassel Belhadj, Senior Director IT Advisor chez Ernst And Young, le cloud n’est pas seulement une technologie, c’est un écosystème : «2,5 millions de postes d’emploi ont été créés en Europe grâce à l’initiative cloud. En voyant tous les indicateurs (du cloud, ndlr) on devient de plus en plus convaincus de son apport et de sa valeur ajoutée dans l’économie nationale. Sans parler des partenariats qui peuvent être tissés entre la Tunisie et ses partenaires régionaux, comme l’Europe».

M. Belhadj a, par la suite, évoqué l’aspect souveraineté des données sur le cloud. «Où sont hébergées nos données?», s’est-il demandé. «Elles sont hébergées on ne sait où. Vos données clients peuvent être hébergées ailleurs qu’en Tunisie sans que vous soyez sûrs de leur localisation». Si pour quelques uns ou entreprises, ça ne dérange guère, pour l’Etat, par contre, c’est très dangereux. Dans la stratégie 2018 qui encourage les entreprises publiques à passer au cloud, il y a, en effet, le risque qu’on choisisse un prestataire de services tunisien dont la plateforme cloud se trouve à l’étranger. «Là il faut vraiment que des associations tunisiennes, telles que l’INFOTICA, veillent à l’application d’une stratégie nationale et poussent à l’adoption de plateformes cloud tunisiennes». 

M. Belhadj a fait remarquer que l’Europe a préparé toute une initiative bâtie autour du cloud et que la Tunisie peut y jouer un partenariat stratégique. Elle pourra devenir hub comme l’a affirmé sa collègue d’IBM. Pour ce faire, il faudra créer «un écosystème avec un partenariat privé/public. On est plus dans un système informatique centralisé, mais plutôt décentralisé», a-t-il conclu.

Un point sur lequel le président de l’INFOTICA, Karim Ahres et également modérateur de la table-ronde, a rebondi : «Nous ne sommes pas des concurrents dans cette salle. Nous sommes ici en train d’étudier les mécanismes pour créer un écosystème où les entreprises tunisiennes, qu’elles soient privées ou publiques, et notamment le CNI (Centre National d’Informatique, ndlr), puissent travailler ensemble afin de s’ouvrir au marché africain».

La première table ronde animée par Karim Ahres, président de l'INFOTICA (à gauche)

La première table-ronde animée par Karim Ahres, président de l’INFOTICA (à gauche)

Mais comment peut-on parler de stratégie de développement du Cloud quand il n’y a pas de contenu hébergé en Tunisie. A quoi bon d’encourager le Cloud par la construction d’infrastructure solide (comme les Data Center dans les normes internationales ou des connexions en IPMPLS) si elles sont complètement vides. Et c’est ce point sur lequel Mohamed Garbouj, DG de Meninx Technologies, s’est attardé lors de sa présentation. En effet, et en faisant l’impasse sur les sites internationaux qui ont une forte audience en Tunisie (comme Facebook, etc.), tous les portails tunisiens populaires sur la Toile (notamment ceux d’information) sont, tous, sans exception, hébergés à l’étranger. 

«C’est inconcevable pour moi de voir des entreprises étrangères devenir des bureaux d’enregistrement du .tn et qui finissent par héberger leurs sites en France», s’est-il insurgé, en un clin d’œil à OVH. 

En d’autres termes, si rien n’est fait, toutes nos ressources Internet seront 100% tributaires, voire même sous le contrôle des pays étrangers. M. Garbouj a, par ailleurs, démontré l’impact très négatif de cette hémorragie des données sur la courbe de consommation de la bande passante nationale et internationale. «Pour qu’on paye moins cher notre Internet, il faut qu’il y ait un rapport de 1 contre 1.5 ou 1.8 au maximum entre le peering entrant et sortant. C’est avec un tel rapport qu’on peut demander un partage des frais d’interconnexion avec le réseau mondial. Or, nous sommes là dans un rapport de 1 contre 6 carrément. C’est pour vous dire combien nous dépensons en devise pour rester connectés à Internet».

Welid Naffati

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