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Tunisie, en route vers la 5G : les Tunisiens sont prêts, selon les indicateurs de consommation

La 5G fera son entrée officielle en Tunisie en 2024. Les bruits de couloirs parlent du lancement de l’appel d’offres pour l’octroi de la licence d’exploitation 5G auprès des opérateurs télécoms en septembre 2023.

Alors que rien n’est encore officiel, les opérateurs ont entamé les préparatifs avec l’installation de nouveaux câbles sous-marins et un fibrage généralisé de leur réseau. Du côté de l’Agence nationale des fréquences (ANF), c’est la dernière ligne droite en termes d’attribution du spectre. Le département de Nizar Ben Néji est, lui, en train de mettre les dernières retouches au prochain appel d’offre 5G.

Dans cette série d’articles « Tunisie, en route vers la 5G », THD exposera les préparatifs de la Tunisie pour lancer sa 5G ainsi que les challenges que les différents acteurs devront résoudre afin de réussir le passage au tout 5G et préparer le terrain pour la 6G (attendue pour 2030).

En comparaison avec les pays de l’Afrique du Nord (le Maroc et l’Égypte) la Tunisie commence à accuser un retard considérable dans le lancement de la licence, sans parler de nos voisins de la rive nord de la Méditerrané (l’Europe).

Même si les contours exacts de cet appel d’offres que compte lancer le ministère des Technologies de la communication, ne sont pas encore bien définis, on croit tout de même savoir que les pouvoirs publics vont adopter une approche assez originale pour encourager les opérateurs téléphoniques à acheter la licence malgré la situation économique calamiteuse du pays.

D’après nos sources, la licence serait accordée avec une première année de test. C’est à dire qu’en début de 2024, les opérateurs devraient payer une avance sur le prix de ladite licence et auront toute l’année 2024 pour installer et exploiter commercialement la 5G à leur guise, aux endroits qu’ils souhaitent et sans obligation de couverture ou de partage. Ils devront toutefois payer le reste du prix de la licence en 2025. De ce fait, cette première année de test leur permettra :

1- de gagner de l’argent rapidement sur les zones lucratives (notamment les quartiers d’affaires et les zones d’habitation à revenu élevé)

2- de pousser doucement les abonnés et donc les Tunisiens à adopter plus rapidement les débits supérieurs de la 5G

3- d’encourager le passage des clients mobiles 2G/3G encore résistants au changement vers la 5G afin d’accélérer le processus de shutdown de la 3G (lire notre article) et pourquoi pas… la 2G comme, c’est le cas en Europe (lire notre article).

L’augmentation du débit attendu avec la 5G et l’encouragement des consommateurs à utiliser encore plus de la data mobile sera, en effet, une aubaine pour l’État et un moyen de renflouer ses caisses vides.

Faut-il encore rappeler que « sur chaque mille nouvelles connexions haut débit, on crée, en moyenne, 80 nouveaux emplois. Mieux encore : à chaque fois que le taux de pénétration de l’Internet haut débit augmente de 10%, le PIB croît de 1% », d’après une étude d’Ericsson publiée à la veille du lancement de la 4G. Quant à l’impact de la 5G, et toujours selon une étude plus récente de l’équipementier suédois, « une couverture 5G rurale améliorée pourrait entraîner sur le long terme une augmentation allant jusqu’à 1,8 % dans l’apport en PIB de l’agriculture dans l’économie du pays. La 5G favorisera également des méthodes agricoles durables, augmentera l’efficacité et réduira les déchets agricoles. En plus des avantages économiques, la 5G peut également réduire l’impact climatique, accroître l’inclusion sociale, le bien-être et lutter contre la fracture numérique dans les zones où la disponibilité des infrastructures fixes est faible ».

D’après une étude du régulateur des télécoms (Instance nationale des télécommunications – INT), jusqu’à décembre 2022, 62% des terminaux mobiles en circulation en Tunisie sont compatibles 4G, contre 10% compatibles 3G et 20% qui ne supportent que la 2G.

Plus de 8,6 millions de smartphones sont en circulation en Tunisie (+1,8% par rapport à décembre 2021) contre quatre millions de téléphones simples et 130.000 tablettes. Toujours d’après l’INT, 86% des détenteurs de smartphones ont souscris à une offre data mobile, soit une moyenne de sept Tunisiens sur dix.

On notera, par ailleurs, que d’après les estimations, 5% des smartphones 4G en circulation en Tunisie sont compatibles 5G et prêts à switcher sur ce nouveau réseau. Ceux-ci sont répartis comme suit : 42% sont de la marque Apple, 37% Samsung, 11% Xiaomi et enfin Oppo avec 4%.

Quant à la data fixe, les chiffres de l’INT couvrant les abonnements ADSL, VDSL, Fibre Optique, LTE-TTD (la 4G sur la bande 3,5 Ghz commercialisée en Box fixe) et les Box data 4G (avec des forfaits de téléchargement très volumineux) indiquent une hausse significative de ce type de consommation ces derniers mois, boostée par la télé sur IP (notamment les matchs de foot) ; on est passé de 1,5 million de clients data fixe en janvier 2022 à 1,7 million de clients en janvier 2023.

Mieux encore : de plus en plus de Tunisiens semblent souscrire à des offres d’abonnement au-delà des 20 Mbps (c’est à dire le VDSL et la LTE/TDD vu que la FO reste encore limitée en termes de couverture).

Les indicateurs de marché ne trompent pas : les Tunisiens sont prêts pour la 5G, surtout pour son adoption pour l’utilisation du fixe appelé le Fixed Wireless Access (FWA).

Tout ceci sera non sans nouveaux challenges. En effet, devant ce prochain boom de la consommation de la bande passante, surtout avec le contenu multimédia 2K et 4K (très haute définition), les réseaux de distribution seront vite saturés, et le temps presse… Dans le prochain article, on se focalisera sur les préparatifs de chaque opérateur côté réseau. A suivre.

Walid Naffati

 

 

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